Les embouteillages et les atermoiements administratifs provoqués par le rétablissement du contrôle frontalier au sein de l'Union européenne pourraient réduire son PIB de 100 milliards d'euros, estime Jean Pisani-Ferry, chef de l'agence économique auprès du gouvernement français France Stratégie, dont les propos sont repris par le Financial Times.
Selon l'agence, rétablir un contrôle frontalier entre les 26 pays de l'espace Schengen pourrait faire reculer l'économie du bloc de 0,8% d'ici 2025 par rapport à une situation où les frontières resteraient ouvertes.
"Les frais à court terme du rétablissement du contrôle seraient conséquents mais limités. Par contre, s'il était établi à titre permanent, cela pourrait avoir un impact à bien plus long terme sur le commerce et les emplois", a déclaré le chef de France Stratégie.
L'économie française, d'après l'agence, pourrait perdre entre 1 et 2 milliards d'euros soit 0,5% du PIB national à court terme si un contrôle frontalier était remis en place.
Selon Jean Pisani-Ferry, l'UE doit trouver un système plus efficace pour assurer sa sécurité mais "ne doit pas remettre constamment en question le principe de libre-circulation des citoyens". "Il est question de l'homme, mais il a un grand impact sur l'économie", ajoute le chef de France Stratégie.
Ces derniers temps, de nombreux pays de l'UE étudient la possibilité de renforcer les mesures de sécurité le long de leurs frontières à cause de l'élévation du niveau de menace terroriste et du flux de réfugiés en provenance du Moyen-Orient et d'Afrique. Certains pays, dont la France et l'Allemagne, ont initié l'adoption d'un amendement à l'accord de Schengen qui permettrait, en cas de situation d'urgence, d'organiser des vérifications frontalières.
Après leur réunion du 26 janvier, les ministres de l'Intérieur de l'UE ont préconisé à Bruxelles de restreindre les termes de l'accord de Schengen pendant deux ans.
L'espace Schengen inclut 26 États, dont 22 sont membres de l'UE. Cet espace est en vigueur depuis 1995 et implique l'annulation du contrôle aux frontières des pays signataires de l'accord.