L'auteur estime que la couverture médiatique occidentale de la tragédie d'Odessa ne peut pas être considérée comme adéquate vu l'ampleur du drame.
"Quand j'ai commencé cette enquête sur l'Ukraine, j'ai découvert avec sidération à quel point le massacre d'Odessa en mai 2014 avait disparu des mémoires… 45 personnes tuées dans un incendie au cœur d'une grande ville européenne en plein milieu du XXIème siècle!", souligne-t-il.
"Sur un site ukrainien, je suis qualifié de +terroriste+ à la solde des services secrets russes. On demande l'interdiction du film. Et même l'ambassadeur d'Ukraine fait pression sur Canal+", raconte le réalisateur.
Cette réaction s'explique évidemment par sa vision peu habituelle, pour un journaliste européen, de la crise qui a éclaté en Ukraine fin 2013. Ainsi, M.Moreira a été accusé d'avoir exagéré l'importance des milices nationalistes dans le conflit ukrainien aussi bien que "l'influence des Américains dans le changement de régime" à Kiev. Dans le même temps, on a reproché au journaliste "un récit centré sur les larmes des victimes".
"C'est vrai, j'ai donné la parole à une mère de famille qui avait perdu son fils de 17 ans (…). Elle m'a parlé avec réticence, elle était certaine que je ne garderais pas ses déclarations, que l'Occident ne se souciait pas de leur sort", avoue M.Moreira.
"Cet homme a maintes fois déclaré qu'il voulait débarrasser le pays de sa +mafia judéo-moscovite+ (…). Il a par ailleurs été le fondateur du parti social-national (ça vous rappelle quelque chose?)", s'explique l'auteur du documentaire.
"Si on en reste au niveau de la perception publique globale, oui, il est clair que le grand public ne connait ni l'importance des groupes néo-nazis ukrainiens, ni l'existence du massacre d'Odessa. Et cela, parce que cette question a été sous-traitée", conclut Paul Moreira.