Si la situation en Syrie ne cesse d'alimenter l'actualité, les conférences de réconciliation, de pourparlers et de paix se sont accumulées, sans qu'aucune ne réussisse à amener le moindre consensus, ni la moindre entente. C'est ce qu'on appelle un échec.
Mais si la diplomatie et le droit sont lents, les évènements, eux, ne trainent que rarement; en effet la diplomatie française semble se tourner vers une solution pouvant inclure Assad.
La dernière conférence avait eu lieu en Décembre à Genève, mais fut un fiasco, et s'était déroulé lorsqu'un risque d'attentats dans la ville de Calvin avait été annoncé.
Toute aussi mondial et unanime fut le processus aboutissant à la résolution du 18 Décembre 2015 au Conseil de Sécurité, appelant à un cessez-le-feu en Syrie, et à des négociations de paix (ce que la conférence d'aujourd'hui entend entamer). Or l'unanimité n'est pas toujours là lorsqu'il s'agit pour chacun d'accepter des concessions. Pourquoi certaines organisations ont refusé de venir? M. Hasni Abidi, spécialiste du Moyen-Orient, nous répond.
« Elles ont décidé de ne pas venir car c'était la décision la moins coûteuse vis-à-vis de leur opinion publique, et parce qu'elles n'étaient sûres d'avoir l'agenda attendu des discussions à Genève et surtout parce qu'elles ne voulaient pas être traitées par le peuple syrien comme des organisations qui vont assister à une énième rencontre sans résultat tangible; (…) à l'heure actuelle, nous n'avons pas de délégation officielle de l'opposition. »
A l'heure où les Kurdes apparaissent comme les héros de la lutte contre DAECH, où le YPG (milice kurde de Syrie) se prépare à fermer la dernière portion de frontière entre la Turquie et le territoire contrôlé par DAECH (et donc bloquer les djihadistes), leurs représentants ne sont pas signalés jusqu'ici.
« Il ne s'agit pas de négociations, mais de Genève 3; l'envoyé des Nations-Unies a déclaré qu'il s'agit de discussions seulement, des « talks », qui se dérouleront sur 6 mois. C'est une nouvelle version des conférences Genève 1 et Genève 2, c'est un nouveau processus, fondé sur Vienne 1 et Vienne 2, et sur la résolution 2254 de l'ONU; il ne s'agit pas d'une rencontre entre le régime et les Kurdes, ou d'autres formations politiques, d'autant plus que les discussions de Genève ne portent pas sur le terrorisme, mais sur la préparation d'une transition politique et des élections présidentielles, donc la délégation kurde est en position de construction avec le régime politique, et pas d'opposition. »
L'appel effectué hier (Jeudi 28 Janvier) par Staffan de Mistura (émissaire de l'ONU sur la Syrie) au peuple de Syrie était clair: il s'agit des négociations de long terme nécessaires pour les changements profonds dans le pays. « Cinq années de conflit, c'en est trop », avait-il déclaré.
De cette conférence, quelles perspectives peuvent s'offrir à la Syrie? Peut-on s'imaginer une Syrie avec un gouvernement stable et souverain dans le court terme?
« S'il y a une volonté ferme de la part de la communauté internationale d'application des résolutions du Conseil de Sécurité, dont la dernière a été votée à l'unanimité: une transition, un gouvernement d'union nationale et des élections d'ici 18 mois avec des mesures de confiance, un cessez-le-feu des deux parties, une sortie de tous les mouvements étrangers sur le territoire, c'est comme ça qu'on arrive à une sortie de crise. Sans cela, ce serait du temps perdu, sans avancer plus qu'auparavant. »
La Russie, que certains avaient accusé de vouloir faire échouer les négociations, a répondu, par le biais de la porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères Maria Zakharova que «Les accusations de certains représentants de la délégation de l'opposition syrienne, selon lesquelles la Russie est prétendument à blâmer pour faire dérailler les pourparlers de Genève sur le règlement du conflit syrien, sont non-sens absolu. La Russie a été l'un des initiateurs du dialogue entre Damas et l'opposition ».
L'opposition boycotte-t-elle les pourparlers, ou veut-elle rester muette en restant dans sa chambre d'hôtel à Riyad? Pourquoi rester à Riyad pendant 3 jours, alors que ceux qui sont prêts à écouter attendent l'opposition?
Sans présence de l'opposition, cette conférence relègue l'opposition à un corps étranger à la reconstruction syrienne et au futur du pays. Peut-être est-ce parce que cette « opposition » n'est tout simplement pas syrienne.
Une conférence, c'est un peu comme une fête, il y a ceux qu'on n'invite pas, et il y a ceux qu'on invite mais qui ne viennent pas. Dans le cas d'une fête comme dans le cas d'une conférence, celui qui boude l'invitation prend le risque de ne plus être invité, et encore moins d'être entendu. Ceux qui ne viennent pas le savent; et quelqu'un qui veut faire capoter une négociation n'agirait pas autrement.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.