La campagne électorale, qui gagne en ampleur aux Etats-Unis, se distingue par une absence quasi totale de multilatéralisme. Républicains et Démocrates veulent "absolument retrouver la puissance américaine qui n'existe plus", a déclaré Dominique Trinquand, général de brigade à la retraite et expert de l'Onu, dans une interview à l'agence Sputnik.
"La stratégie militaire américaine marque trois fronts: un au Nord, un à l'Est et un au Sud. Mais effectivement, ce qu'il y a de dérangeant, c'est que la première menace qui est marquée est à l'Est, alors qu'en réalité la première menace est au Sud", a indiqué le général.
"Il est à craindre qu'avec les prochaines élections américaines et un retour des Républicains au pouvoir, cette position ne se renforce", a-t-il affirmé.
Evoquant les risques de conflits en Europe, l'interlocuteur de l'agence a cité en premier lieu l'Ukraine.
"Je pense que le risque de conflits armés se situe dans la région de l'Ukraine, parce que l'Ukraine est une zone instable. Il y a des parties qui ont des positions très différentes, et à pousser à la militarisation une partie un peu radicale du gouvernement ukrainien, on peut amener à des zones de conflit, ce qui serait très dangereux", estime Dominique Trinquand.
Une autre menace consiste, selon lui, dans le "recentrage" de la mission du corps expéditionnaire américain sur l'Europe.
"Il faut décrypter ça. Cela veut dire qu'après l'échec de l'Afghanistan, recentrons-nous sur notre mission en Europe, et il faut bien se trouver une mission en Europe et donc s'il n'y a pas de menaces, il n'y a pas de missions. Donc, il faut bien mettre en exergue une menace pour pouvoir se donner une mission", affirme le général Trinquand.
Selon lui, la grosse difficulté des Etats-Unis consiste dans le fait que "la politique américaine ne reconnaît pas que le monde a changé".
"Il y a une détente qui doit s’installer entre la Russie et ces pays-là pour comprendre que le voisinage de bonne entente est plus profitable que l'agressivité", estime le général, précisant que si l'agressivité vient de ses pays, c'est la Russie qui doit tendre la main la première.
D'après l'interlocuteur de l'agence, la Russie a également un rôle important à jouer dans les négociations qui doivent avoir lieu entre le gouvernement de Bachar el-Assad et l'opposition.
"Le rôle que jouera Moscou dans ce contexte aura forcément un impact sur la vision que les Européens et les Américains pourront avoir de leur coopération avec la Russie", a conclu le général à la retraite.