Samedi, après une manifestation de 2.000 participants qui soutiennent les migrants, 350 réfugiés vivant dans un bidonville à proximité ont pénétré dans l'enceinte du port, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur. Une cinquantaine d'entre eux ont pu s'infiltrer à l'intérieur, dont plusieurs sont montés à bord d'un ferry britannique pour se rendre au Royaume Uni. En outre, quelques heures plus tard, les intrus ont été délogés par les forces de l'ordre.
Après cet incident le président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Xavier Bertrand, a réclamé l'envoi de l'armée pour éviter les violences en restaurant l'ordre dans la petite ville du nord du pays.
"Le chef de l'Etat est chef des armées, je pense qu'il n'y a que l'armée pour venir sécuriser en plus les sites qu'on a besoin de sécuriser ici à Calais", a-t-il estimé.
Pour convaincre les autorités d'agir, M. Bertrand a encouragé, lundi, François Hollande à se déplacer en personne à Calais, avec ses ministres, pour mieux comprendre la situation dans la ville, où les tensions entre les milliers de migrants et les habitants locaux s'intensifient.
"J'en appelle au président de la république pour qu'il vienne lui-même se rendre compte de la situation à Calais", a proclamé Xavier Bertrand après une réunion avec la maire de la ville, Natacha Bouchart, et le directeur du port, Jean-Marc Puissesseau.
De plus, M. Bertrand pense que la présence du président dans la ville n'est pas suffisante, il propose de tenir un "conseil interministériel" à Calais pour se rendre compte "de la souffrance" endurée par la population face à la pression migratoire, voir même un conseil européen à Calais, déclarant que "les problèmes de l'Europe ne se règlent pas à 100 kilomètres".
"Il faut la tenue d'un conseil ministériel ou interministériel pour se rendre compte de la souffrance et de tout ce qui se passe à Calais", a déclaré M. Bertrand, lors d'une conférence de presse devant le terminal voyageur du port aux côtés de la maire de la ville Natacha Bouchart et du président du port Jean-Marc Puissesseau.
Toutefois, le président de la région pense que ce n'est pas seulement à la France de s'occuper de cette question, mais aussi au Royaume Uni.
Selon lui, une solution ne pourra être trouvée que "si les Anglais prennent leur part de responsabilité", jugeant que les accords de 2003 du Touquet (instituant la frontière avec la Grande-Bretagne à Calais) étaient "obsolètes et dépassés".
"Les migrants veulent se rendre en Angleterre, car ils savent qu'il est possible d'y travailler sans papiers. Tant que les Anglais ne changent pas les règles, nous allons avoir des problèmes. Soit les Anglais bougent, soit nous leur redonnons leur frontière", a déclaré M. Bertrand.
Des milliers de migrants qui fuient la guerre et la pauvreté en Afrique et au Proche-Orient se sont réunis dans la ville côtière du nord de la France, où quelque 4.000 personnes survivent dans des conditions très précaires. Pour eux, Calais est une étape dans la route vers la Grande-Bretagne.