Et c'est bizarrement à partir de mars 2015 qu'on enregistre les deux tiers des arrivées, date à laquelle le conflit a démarré, marqué par l'opération Tempête Décisive de la coalition arabe. Andreas Needham, porte-parole de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés pour le Yémen, l'Asie et les pays du Golfe, nous explique:
"En 2015, un peu plus de 92.000 personnes se sont engagées dans un dangereux périple depuis la corne de l'Afrique, principalement de la Somalie, Djibouti et de l'Ethiopie, vers le Yémen, et malheureusement, quand ils arrivent au Yémen ils découvrent que la situation n'est pas aussi positive et non sans danger comme ils l'avaient imaginée. Il y a de nombreux passeurs (de bateaux) et autres individus qui sont là pour les persuader de faire la traversée de la mer Rouge ou de la mer d'Arabie. La situation est dangereuse pour ces personnes qui essayent de continuer leur périple. Elles découvrent que leur trajet est difficile et dangereux, et se retrouvent elles-mêmes dans une situation plus dangereuse que celle d'avant."
"Pour ce qui est des allégations arabes, il faut les prendre avec des pincettes. La communication en tant que guerre ne peut être que propagande. Les lignes de front, la répartition des forces en conflit au Yémen n'ont pas véritablement bougé depuis le déclenchement de la guerre. Les combats se poursuivent aujourd'hui dans la région de Sorouh Mareb entre Al Jawf et Marib. Et à l'intérieur de la ville d'Al Jawf. A Taïz, on ne remarque aucun changement significatif. La coalition garde le contrôle des régions se trouvant à la frontière de la ville de Taïz et du gouvernorat de Lahij, et du côté de la région entourant Bab-el-Mandeb."
"Au sud du pays, les villes d'Aden, de Lahaj, d'Abyan, de Hadramout et de Shabwa sont sous le contrôle des milices pro Hadi, soutenues par les Frères musulmans, et bien sûr par les forces de la coalition arabe. Certaines régions sont sous contrôle des sudistes ou encore sous contrôle de Daech et d'Al-Qaeda. Il faut préciser ici qu'il peut y avoir quelques alliances ponctuelles et conjoncturelles entre ces groupes. A Al Mahra, il n'y a aucun combat mais la ville reste sous contrôle de Hadi. Les sudistes, eux, ont plutôt le contrôle de Daleh, Lahij et Aden. Les Unionistes sont du côté de Hadramaout. Daech profite bien sûr du chaos et s'enracine à Al Mukalla, à Hadramaout, Abyan, à Aden et aux environs de Shabwah."
Pour schématiser, on peut dire que des dix gouvernorats qui constituent le nord, Sanaa inclus, tous sont sous contrôle de l'armée yéménite pro Ali Abdallah Saleh, et d'Ansar Allah, les Houthis. A l'exception du gouvernorat de Marib et du gouvernorat d'Al Jawf, dont la moitié est sous contrôle de la coalition arabe menée par Ryad et de ses alliés, qui comptent dans leurs rangs les milices d'Al-Islah, les Frères Musulmans. La multiplicité des acteurs et le chaos engendré favorise l'émergence de groupes terroristes comme Daech et Al-Qaeda:
"C'est peut-être le seul véritable changement significatif depuis le déclenchement de la guerre: le renforcement de la position de Daech et d'AQPA, en raison du chaos et du fait qu'on combat ici la seule force capable de combattre Daech sur le train, c'est à dire les Comités populaires mais surtout les Houthis. Et à cause aussi de l'affaiblissement de l'armée, puisque lorsqu'on regarde la banque des cibles de la coalition, ce sont surtout les réserves d'armes de l'armée, mais aussi les casernes militaires et autres."
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