C'est sans attendre la réponse du miroir, que Barack Obama dans son dernier discours sur l'état de l'Union a proclamé Les Etats-Unis: Nation la plus puissante de cette planète. Avec un budget militaire plus important que n'importe quel pays au monde, avec un taux de chômage quasi-nul, avec une économie plus forte que jamais. Avec une dette publique estimée à plus de 18,000 milliards de dollars aussi. Mais le président Obama ne l'a pas mentionnée… "Leadership américain" est l'expression la plus utilisée dans le discours du leadeur américain. Le président des Etats-Unis rappelle que son pays est le premier appelé à "l'aide" dans des conflits internationaux, et non pas la Russie ou la Chine. Mais ce discours, à vocation interne, est également écouté et suivi par la communauté internationale, et les réactions suivent. Obama justifie la puissance de son pays principalement par la force de son armée et par l'importance de moyens militaires, en précisant qu'aucun pays ne se risquerait à l'attaquer.
D'après Philip Golub, professeur de relations internationales à l'Université américaine de Paris, l'outil militaire a des limites:
"Dans une période de mondialisation économique, dans une période de mondialisation tout court dans laquelle les acteurs transnationaux ont gagné de l'importance dans lequel les conflits internationaux ne peuvent pas être simplement réglés par la force on voit très bien qu'il y a des limites à la puissance militaire, il y a des limites de l'outil militaire comme moyen de gestion et de régulations des conflits et je pense que c'est vrai, que c'est une leçon non seulement pour les Etats-Unis, c'est une leçon pour les autres pays, que soit la Chine, la France, la Russie et d'autres. C'est-à-dire l'outil militaire par exemple aujourd'hui en Syrie, visiblement ne réussit pas à résoudre les conflits qui sont essentiellement des conflits politiques".
Il reste un an avant de rendre les clés du bureau ovale de la Maison blanche, et il est temps de faire un état de lieu de ce qui a été fait et de ce qui sera fait pendant les 12 moins qui arrivent. Dans tous les classements internationaux il y a une prépondérance américaine, d'un point de vue quantitatif, et c'est indéniable, mais d'après Cyril Bret, maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, directeur du site EurAsia Prospective, la quantité d'armes ne fait pas tout:
"La période des années 2000 a fait en sorte que la période de l'hyperpuissance américaine, c'est l'expression de Vedrine, est maintenant révolue. Tout d'abord parce qu'il y a énormément de crises dans lesquelles les Etats-Unis ne s'impliquent pas. En Syrie, par exemple, ce ne sont pas les Etats-Unis qui sont en première ligne pour la résolution de la crise: c'est la Russie, c'est la France, c'est l'Iran. En ce qui concerne la crise entre l'Iran et l'Arabie saoudite c'est précisément l'absence des Etats-Unis qui fait que les tensions sont possibles. Je veux dire que le Moyen-Orient est en ce moment marqué par un retrait américain qui suit une période de surinvestissement américain, notamment en Irak".
"Il y a aussi des raisons qui sont plus conjoncturelles notamment ce qu'essaye de faire Barack Obama, c'est sans doute aussi de voiler certains des revers internationaux de son action politique et de son bilan politique, c'est son dernier discours sur l'Etat de l'Union et donc reprendre les slogans habituelles du Président américain s'est une certaine façon d'occulter certaines des failles de son bilan. Le système politique américain est construit sur l'idée de leadership donc ce qui est vrai du président américain doit être vrai de la nation en entier, c'est enraciné dans la tradition politique plusieurs fois séculaires américaines, le mécénat américain, la +Manifest Destiny+ exige les Etats-Unis que elle soit le leader du monde".
Le temps de la présidence s'écoule pour Barack Obama, le pays est désormais pris par le souffle de la course électorale, et la politique extérieure étatsunienne est légèrement mise en stand-by. Et pendant ce temps le conflit syrien est loin d'être résolu, Guantanamo est toujours ouvert, et la chaise vide près de Michelle Obama risque de ne pas convaincre la majorité républicaine du Congrès à durcir le contrôle sur les armes à feu.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.