Selon l'expert, les dirigeants américains manquent de réalisme en politique étrangère. Cette école estime que la puissance militaire est un outil important pour défendre l'indépendance et la souveraineté de l'État, mais reconnait que son usage peut entraîner des conséquences imprévues.
Stephen Walt estime que l'internationalisme libéral (chez les démocrates) et le néoconservatisme (parmi les républicains) ont pourtant prédominé aux USA ces dernières années — deux approches qu'il juge inefficaces.
Walt souligne ensuite les sept "plus grandes erreurs" des USA sur la scène internationale commises par Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama. Selon l'auteur, ces erreurs auraient pu être évitées.
De plus, les États-Unis n'auraient pas insisté sur l'expansion de l'Otan dans les années 1990 ou auraient stoppé son élargissement après l'adhésion de la République tchèque, de la Hongrie et de la Pologne. Selon l'expert, l'augmentation du nombre de membres n'a pas renforcé l'Alliance.
Walt s'arrête également sur le cas du Moyen-Orient. Il pense que si George W. Bush avait écouté les réalistes, il n'aurait pas initié l'invasion de l'Irak en 2003 et que l'État islamique n'existerait pas aujourd'hui.
Si Washington avait renoncé à sa politique de "double dissuasion" de l'Irak et de l'Iran dans le Golfe, les USA auraient pu éviter les attentats du 11 septembre 2001. C'est dans le cadre de cette politique que Washington a dû assurer une présence militaire à long terme dans les pays du Golfe. Ainsi, les États-Unis ont eux-mêmes provoqué ces attentats, estime le professeur américain.
Les réalistes avaient également prédit l'échec de l'opération américaine en Afghanistan, notamment après que la guerre en Irak avait permis aux talibans de regrouper leurs forces. Les USA auraient pu sacrifier bien moins d'hommes et de moyens, souligne l'expert.
Une autre erreur des USA est d'avoir instauré des "relations particulières" avec Israël, qui ont nui aux deux pays. En particulier, Walt est opposé au soutien inconditionnel de Tel-Aviv par Washington sur le dossier palestinien.
Et, bien sûr, les réalistes auraient expliqué à Barack Obama qu'il ne fallait pas renverser le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et provoquer l'apparition d'un nouvel État délinquant. Enfin, ils auraient pu convaincre le président que les fortes déclarations contre le président syrien Bachar al-Assad n'étaient pas dans l'intérêt des Etats-Unis.