"La prochaine victime qui tombera dans la guerre des prix du pétrole déclenchée par l'Arabie saoudite pourrait être sa propre économie", estime Matthew O'Brien, journaliste de The Washington Post.
"Cherchant à évincer ses concurrents, l'Arabie saoudite inonde le marché de pétrole bon marché, mais aujourd'hui cela devient de plus en plus problématique", souligne Matthew O'Brien. La production de pétrole de schiste peut parvenir à être rentable même avec des prix encore plus bas. D'autant plus qu'elle peut, le cas échéant, être suspendue et relancée à moindres frais, poursuit-il.
"Même si les Saoudiens réussissent à les (les producteurs du pétrole de schiste-ndlr.) +mettre en hibernation+, ils sont toujours capables de se mobiliser très rapidement pour prévenir une hausse des prix supérieure à 50 dollars le baril", écrit le journaliste.
D'après M. O'Brien, compte tenu du déficit budgétaire qui s'est aggravé et atteint 15% du PIB, Riyad ne peut plus se permettre de dépenser de l'argent pour retenir les cours de l'or noir. Par conséquent, le gouvernement est confronté à la nécessité de mettre en pratique une politique d'austérité qui ne sera pas efficace non plus.
"Autrement dit, Riyad ne peut pas se permettre de continuer à dépenser 13% de son PIB en subventions énergétiques, mais il ne peut pas se permettre non plus d'endommager l'économie mondiale encore plus que la baisse des prix du pétrole l'a déjà fait", écrit Matthew O'Brien.
D'autres pays dépendant des prix de pétrole tels que l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan ont déjà renoncé à l'ancrage de leurs monnaies au dollar. Pour cette raison, les marchés tablent sur le fait que l'Arabie saoudite va aussi suivre cet exemple, car il est impossible de résister à la +gravitation économique+ si longtemps, conclut le journaliste.