"L'Union européenne passera-t-elle l'année 2016?", demande le journaliste au début de son article.
M.Quatremer cite le commissaire européen à l'Economie numérique Günther Oettinger qui a déclaré qu'il percevait "pour la première fois un danger sérieux de désagrégation de l'UE".
L'éditorialiste se réfère aussi à Jean-Claude Juncker, président de l'exécutif européen, qui s'est dit "sans illusion" sur l'année qui commence. Il a également plaisanté, en indiquant qu'il était encore trop tôt pour dire si 2015 avait été l'année la plus difficile de toute l'histoire de l'Union.
M.Quatremer rappelle que depuis 2008, l'Europe tombe de Charybde en Scylla.
"Tout commence avec la faillite financière américaine de 2007 qui a accouché, en 2008, d'une crise économique, la plus grave depuis 1929, qui n'en finit pas de finir en Europe", poursuit le journaliste. Il souligne que c'est une crise qui a "failli emporter la zone euro et dont la Grèce n'est toujours pas sortie".
Les aventures de politique étrangère américaine, britannique et française, ont déstabilisé le Machrek et le Maghreb. Cela a amené à la crise migratoire et a conduit à une nouvelle flambée de terrorisme en Europe.
"La crise des réfugiés, qui est loin d'être terminée, a révélé des fractures béantes entre l'Est et l'Ouest, montrant à quel point l'élargissement avait été bâclé", martèle M.Quatremer.
"Alors que, pour une partie des pays d'Europe de l'Ouest, l'Allemagne au premier chef, l'asile et le respect des minorités sont des valeurs héritées d'une histoire tourmentée et violente, pour les anciennes démocraties populaires, tel n'est pas le cas: elles se vivent toujours comme des victimes de l'histoire qui ont, à ce titre, des droits et aucune obligation", fait-il remarquer. Ces derniers ont ainsi refusé de venir en aide aux pays dépassés par l'afflux brutal de réfugiés et surtout ont violemment rejeté ces musulmans, écrit M.Quatremer.
D'après lui, seuls l'Allemagne et les pays qui ont connu des dictatures récentes (Espagne, Portugal, Grèce) semblent immunisés. "Le terrorisme islamiste ne fait que renforcer ces partis qui font du rejet de l'autre leur fonds de commerce", pense l'éditorialiste.
"Combien de temps l'Union, un projet né sur les ruines de l'après-guerre, pourra-t-elle résister à la vague xénophobe et paranoïaque qui submerge à nouveau nos vieilles sociétés épuisées?", s'interroge M.Quatemer. Il estime que "plus rien ne semble devoir endiguer le retour du national qui a pourtant mené l'Europe à l'abîme".