La diversification de l'économie, l'augmentation des prix et la création de nouvelles taxes, oui, mais une baisse de la production pétrolière, surtout pas.
Un déficit budgétaire fait toujours réfléchir. 89,2 milliards pour l'année passée et encore 80 milliards pour l'année qui vient: le ministère saoudien des Finances a pris en note les précautions du FMI et concentre désormais tous ses efforts dans le changement du fonctionnement économique. D'après Francis Perrin, président de l'Institut Stratégies et Politiques Energétiques, c'est par le secteur énergétique qu'ils vont commencer:
Sur le plan énergétique, l'Arabie Saoudite est en train d'amorcer une certaine diversification, avec des projets d'énergie solaire, ce qui est tout à fait nouveau pour ce pays qui avait longtemps trainé les pieds en matière d'énergie solaire, par opposition aux Emirats Arabes Unis et au Qatar, qui ont été pionniers dans ce domaine au Proche-Orient. L'Arabie Saoudite envisage un programme nucléaire pour diversifier sa production. Rappelons que dans le monde arabe, il n'y a qu'un seul pays, les Emirats arabes unis, qui ont lancé un programme nucléaire, mais l'Arabie Saoudite pourrait, dans les années qui viennent, prendre une décision dans ce domaine.
Précédemment, l'OPEP baissait sa production quand les prix chutaient, mais depuis un an l'Arabie saoudite et d'autres pays disent: Si on réduit la production pour faire remonter les prix, il faut que ce soit dans le cadre d'un accord entre l'OPEP et plusieurs pays non OPEP. Il n'y a pas de raisons que l'OPEP soit la seule à faire des efforts dont profitent ensuite tous les producteurs de pétrole, qu'ils soient ou non membres de l'organisation. Ce changement de stratégie, intervenu à la fin novembre 2014 et maintenu jusque la fin 2015, est un élément important de la transformation du paysage pétrolier mondial.
Parmi les plus touchés, on trouve le Venezuela, un autre pays membre de l'OPEP mais qui a très peu de réserves financières et une situation économique extrêmement difficile. En Amérique latine, un pays comme l'Equateur, qui est un tout petit pays producteur de pétrole, est également très touché. On peut penser, en Afrique, au Nigéria et à l'Angola, qui sont des pays en développement. Le Nigéria a une population extrêmement pauvre. On pense évidemment à l'Irak et à la Libye, qui font face à des tensions internes très fortes, avec l'Etat islamique, et qui font face à des coûts de reconstruction considérables, et qui auraient bien besoin de prix du pétrole plus élevés pour, d'une part, financer des besoins de sécurité importants, et d'autre part financer une reconstruction nécessaire.
Les conséquences de la chute pétrolière ne sont pas les mêmes pour les producteurs et pour les consommateurs. Pour plusieurs pays la production est devenue simplement non rentable. D'après Francis Perrin, le maintien des prix bas sur le marché du pétrole est une technique pour éliminer certains acteurs dans le secteur:
L'Arabie Saoudite ne vit pas de la même manière les conséquences de la crise pétrolière que le Venezuela, par exemple. Riyad possède quelques milliards d'euros et reste l'exportateur mondial numéro un d'hydrocarbures, mais elle réduit quand même son budget. Reste à imaginer où tout cet argent "économisé" ira.
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