"En réagissant à l'incident du Su-24, le bombardier russe abattu par la Turquie, le président russe Vladimir Poutine a qualifié le gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan de "complices des terroristes". Accusation souvent adressée à la Turquie par les occidentaux mais de manière plus diplomatique. La Turquie laisse passer en Europe à travers sa frontière des flux de pétrole et des reliques pillées par les terroristes de Daech — des djihadistes étrangers, de l'argent et des armements en sens inverse".
M. Rollo a noté que la Turquie a été l'un des premiers pays à s'immiscer dans le conflit syrien.
Dès le début de la guerre civile, Ankara a fait un gros pari sur le renversement du président syrien Bachar el-Assad, en essayant d'obtenir le statut de puissance dominante dans la région.
La situation en Syrie a changé, contrairement à la stratégie de M. Erdoğan. Par conséquent, la Turquie est devenue un obstacle pour désamorcer le conflit, a ajouté le professeur dans son article pour Wall Street Journal.
D'une part, Ankara mène une guerre contre les Kurdes syriens qui combattent efficacement les terroristes de Daech, d'autre part — la Turquie est un élément d'un réseau terroriste bien organisé, qui comprend également le groupe Daech. De plus, la Turquie prônait l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement sunnite en Syrie qui devrait être contrôlé par une cellule locale des Frères musulmans. Ce scénario nuirait aux intérêts de la Russie et de l'Iran.
Stuart Rollo a ajouté que cet été, le gouvernement turc de M. Erdoğan s'était accordé avec les Etats-Unis pour l'utilisation de deux bases de l'armée de l'air turque, pour que les avions américains puissent effectuer des frappes aériennes sur les positions de Daech. Dans le même temps, Ankara continuait à utiliser ces bases pour attaquer des unités kurdes en Irak et en Syrie.
"Le gouvernement de M. Erdogan est encore plus préoccupée par la lutte contre les Kurdes en Syrie, que contre Daech" a déclaré l'analyste de l'Université de Sydney.
Initialement, des occidentaux, comprenant les responsables politiques, les médias et la communauté universitaire considéraient la Turquie comme un modérateur puissant de la stabilité régionale et de la croissance économique, mais avec le temps ils ont commencé à considérer Ankara comme un soutien du terrorisme international. Par exemple, le vice-président américain Joe Biden dans un de ses discours publics a abordé le problème de la frontière turco-syrienne, en disant que le principal problème pour les Etats-Unis dans la lutte contre Daech était l'activité de leurs alliés. Un des responsables de la Maison Blanche a également parlé d'une "menace internationale émanant de la Syrie et passant par la Turquie". De plus, la Turquie est devenue un "allié dangereux" pour l'Otan, en engageant l'alliance dans un conflit indésirable avec la Russie.