Après son séjour à Moscou, il s'était d'abord rendu à Kaboul pour assister à la cérémonie de transmission aux Afghans du bâtiment du parlement national construit par les Indiens. Cet événement était prévu à l'agenda et annoncé — rien de bien surprenant, donc. Mais son initiative suivante s'est avérée tout à fait inattendue: le premier ministre indien s'est en effet déplacé à Lahore, plus précisément au domicile de Nawaz Sharif, chef du gouvernement pakistanais. Motif officiel de sa visite? Souhaiter un joyeux anniversaire à son homologue et prendre part à la cérémonie de mariage de sa petite-fille.
Tatiana Chaoumian, chef du Centre de recherches indiennes de l'Institut d'études orientales auprès de l'Académie des sciences de Russie, fait remarquer que le "geste de Narendra Modi semble extravagant, mais s'explique en fait par une volonté de créer un contexte extérieur pacifique afin de développer la production industrielle, de réduire le chômage et de former de nouvelles entreprises mixtes avec des capitaux étrangers. Il a même annoncé une politique "Made in India" pour attirer ces derniers. Il est impossible d'atteindre cet objectif si le pays est au bord de la guerre".
Certains observateurs occidentaux doutent que ces pas en avant puissent porter leurs fruits. "L'animosité entre l'Inde et le Pakistan résulte de leur attachement à deux idéologies inconciliables. Le Pakistan se considère comme la véritable maison de tous les musulmans du sous-continent, alors que le l'Inde se voit comme le symbole du sécularisme et de la diversité, deux valeurs au-dessus de toute religion. Ces deux mentalités se contredisent", estime The Guardian. Les deux États ne peuvent donc exister en paix qu'isolés l'un de l'autre. On est donc en droit de douter que la diplomatie de Naredra Modi puisse favoriser durablement la paix dans la région.