L'administration Obama a mené des négociations secrètes avec des représentants du gouvernement syrien pendant de années dans l'espoir de persuader le président Bachar el-Assad de renoncer au pouvoir, rapporte le quotidien américain The Wall Street Journal se référant à des officiels américains et arabes.
Selon le journal, les Etats-Unis avaient antérieurement recherché des points faibles du gouvernement syrien en vue d'encourager un coup d'Etat militaire, mais ont échoué.
Les négociations secrètes avec la Syrie n'ont pas donné beaucoup de résultats, à la différence de celles avec l'Iran, affirme le Wall Street Journal. Ces discussions irrégulières ont porté sur plusieurs problèmes spécifiques.
Les officiels américains et syriens menaient soit des négociations directes, soit envoyaient des messages par l'intermédiaire des alliés principaux de Bachar el-Assad, la Russie et l'Iran.
M.Assad a appelé les Etats-Unis à plusieurs reprises à faire front uni contre le terrorisme.
En 2011, les services secrets américains ont trouvé des officiers syriens qui pourraient se mettre en tête d'un coup d'Etat suite au début des troubles en Syrie et à la désertion de certains militaires dans ce pays.
"La politique de la Maison Blanche en 2011 consistait à atteindre un seuil critique de transition en Syrie en profitant des points faibles du régime et en appelant des gens à abandonner le président Assad", mais ces tentatives se sont avérées vaines.
En août 2011, le président américain Barack Obama a publiquement appelé Bachar el-Assad à quitter son poste. Et la politique officielle de l'administration américaine concernant Damas s'est toujours articulée autour de cette idée. Mais les négociations secrètes avec M.Assad auraient, au contraire, nourri son sens de légitimité, d'après le Wall Street Journal. Cela a provoqué des dissensions parmi les grandes puissances mondiales sur le sort du président syrien et a entravé la lutte contre le groupe terroriste Etat islamique (EI, ou Daech).
Les Etats-Unis ont dû modifier à plusieurs reprises leur stratégie reposant sur les pressions militaires et politique sur le président Assad.
La stratégie américaine visant à orchestrer la chute du président Assad a échoué en été 2012 et les Etats-Unis ont commencé à soutenir les rebelles, mais ces efforts ont été infructueux en raison du soutien apporté par Moscou et Téhéran à Damas.
Selon Joshua Landis, expert de la Syrie et professeur à l'Université de l'Oklahoma, "M.Assad recherchait des moyens de communiquer avec la Maison Blanche".
La montée de Daech en 2013 a pris l'administration américaine au dépourvu, d'après le journal. Le président Assad a de nouveau proposé à Washington de lutter ensemble contre le terrorisme.
En 2014, lorsque les Etats-Unis ont lancé des frappes aériennes contre l'EI en Syrie, des représentants du Département d'Etat américain ont téléphoné leurs collègues syriens pour s'assurer que Damas n'attaquera pas les avions américains dans son espace aérien.
Cette année, Washington a de nouveau contacté des officiels syriens pour les informer des régions où il entend déployer des combattants entraînés par les Américains.
Selon Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'Onu, informer ne veut pas dire coopérer.
Mais d'après le journaliste syrien Ibrahim Hamidi, ancien chef du bureau damascène du journal arabe Al-Hayat, le président Assad a ainsi "de nouveau été légitimé". "Toutes les communications avec les Etats-Unis, même considérées comme telles, profitent" aux Syriens, d'après lui.
Au printemps dernier, un ancien responsable de la Maison Blanche, Steve Simon, a rencontré Bachar el-Assad à Damas lors d'une visite organisée par le président syrien. Pendant ces entretiens qualifiés d'informels par M.Simon, le président Assad a réitéré sa proposition de coopérer dans la lutte contre le terrorisme.
Depuis cette rencontre, une discussion s'est engagée au sein de l'administration américaine sur la position à adopter: intensifier le soutien apporté à l'opposition syrienne ou opter pour la lutte contre l'EI au lieu d'œuvre pour la chute du président Assad, conclut le journal.