Nouveau regain de violence dans le Kurdistan turc

© REUTERS / Asmaa WaguihCombattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK)
Combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) - Sputnik Afrique
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De sanglants affrontements se poursuivent dans le sud-est de la Turquie entre les forces gouvernementales et les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Des experts estiment que ces affrontements, qui revêtent le caractère d'une guerre civile, vont s'éterniser.

Dans un entretien à Sputnik, Ömer Laciner, journaliste réputé et rédacteur en chef de la revue politique de gauche Birikim, a vivement critiqué la politique du gouvernement conduisant à la recrudescence du conflit dans son propre pays.

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Le journaliste constate que la situation ne cesse de se détériorer dans le sud-est de la Turquie en proie à des affrontements violents entre les forces gouvernementales et les combattants du PKK. Les conditions de vie se dégradent de jour en jour. La population locale souffre de pénurie alimentaire, des effets d'un couvre-feu censé la "protéger", et les écoles et les hôpitaux sont fermés. Enfin, rien ne promet un changement pour le mieux.

Selon Ömer Laciner, le gouvernement s'est fixé pour objectif d'assurer l'ordre public dans la région, mais sa stratégie est, en l'occurrence, erronée. Le gouvernement se trompe en croyant que l'ordre pourrait être ramené en déployant des unités policières dans une région à problèmes et en réprimant tous les protestataires par la force des armes.

Il pense qu'un Etat de droit, moderne et soucieux d'assurer l'ordre public et la sécurité à l'intérieur de ses frontières ne doit pas porter atteinte aux autres éléments du système national de survie.

"La volonté du pouvoir de pénétrer dans une région pour la ramener à l'ordre par tous les moyens, essentiellement par la force, est une interprétation extrêmement primitive de la façon dont doit fonctionner le système de sécurité intérieure".

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Ömer Laciner souligne que le problème kurde a depuis longtemps dépassé le cadre du conflit intérieur. Selon lui, aussi bien le pouvoir turc que le PKK assument la responsabilité pour la situation dans le sud-est du pays. Les deux parties abordent le problème en faisant comme si un Etat kurde était en formation dans les provinces du sud-est de la Turquie. Face à l'impression que le pouvoir envoie ses troupes pour réprimer un conflit dans un territoire étranger et non pas à l'intérieur de ses frontières territoriales, la population du sud et du sud-est du pays ressent son isolement vis-à-vis du reste de la Turquie.

Le pouvoir considère ce territoire comme le lieu de création d'un Etat kurde et combat le PKK comme un ennemi extérieur avec toutes les conséquences qui s'ensuivent pour la population civile. Les nationalistes voient dans la situation actuelle en Syrie, Irak et Turquie une possibilité réelle de créer cet Etat kurde indépendant.

"Dans ce contexte une confrontation violente est inévitable, et nous en sommes les témoins", résume Ömer Laciner.

Cependant les problèmes de la région ont une solution, elle est proposée par la gauche. Cette solution passe par l'unité et la solidarité de l'ensemble de la population turque, indépendamment de l'appartenance à une telle ou telle ethnie.

 

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