Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière ont écrit cette lettre comme un geste de désespoir face aux événements de ces derniers jours, qui montrent que l'unité de l'UE éclate en morceaux sous la pression de la crise migratoire. Les militaires autrichiens ont lancé lundi la construction d'une clôture de 2,2 m de haut sur 3,7 km des deux côtés du poste de contrôle de Spielfeld à la frontière slovène.
Ce genre d'initiative n'étonne plus personne aujourd'hui en Europe — et en particulier dans les Balkans. De telles barrières ont également été érigées en Espagne, en Grèce ou encore en Hongrie. Mais l'annonce du début de la construction de la clôture autrichienne a marqué une nouvelle étape de la crise: c'est la première fois qu'on érigeait une clôture entre deux membres de l'espace Schengen.
Vienne s'attend à ce que, d'ici la fin de l'année, le nombre de migrants souhaitant rester en Autriche approche des 100 000 personnes.
L'espace Schengen réunit 26 États européens qui ont levé entre eux tout contrôle à la frontière — il ne s'effectue plus qu'aux frontières extérieures. Entre la Slovénie et l'Autriche, il ne devrait donc y avoir ni contrôle, ni barrière, ni restriction d'aucune sorte.
La Slovénie, pour sa part, ne s'attend pas à une réduction du flux migratoire. Ljubljana évoque au contraire la nécessité de construire un mur de béton à la frontière avec la Croatie, qui s'apprête seulement à entrer dans l'espace Schengen.