Un point presse s'est tenu à Moscou: des responsables du ministère de la Défense ont présenté différentes images qui visent à prouver la complicité de l'Etat turcs avec le groupe terroriste: ce sont des images satellites de camions-citernes chargeant du pétrole dans des installations contrôlées par l'EI en Syrie et en Irak, et qui franchissent ensuite la frontière turque.
Et bien que ce n'est plus présumé. Il y a des preuves concrètes qui ont été apportées, que beaucoup expliquait déjà avant, comme le Parti de Gauche, comme nous l'avons fait depuis quelques temps. En disant que la Turquie d'Erdogan avait des liens plus que douteux avec différents groupes terroristes Syrie. Et voilà: maintenant c'est une preuve concrète.
La Russie appelle les représentants des médias et de la communauté internationale à ne pas ne pas fermer les yeux sur ce trafic. De son côté, l'Irak appelle le Conseil de sécurité de l'Onu à enquêter de manière générale sur cette contrebande. A qui revient la charge d'enquêter sur la complicité d'un état membre de la coalition avec le groupe terroriste qu'il est censé détruire?
D'abord, on sait qu'il n'est pas tellement censé le détruire. Après les attentats de Suruç en Turquie, Erdogan en a profité pour lancer une opération contre Daech, mais concrètement ça s'est soldé par des bombardements sur les positions kurdes de l'YPG et du PKK. On avait déjà des preuves relativement concrètes d'une alliance de facto au moins entre Daech et la Turquie d'Erdogan. Maintenant, nous nous considérons que les enquêtes internationales doivent être menées par l'instance internationale de référence qu'est l'ONU. C'est l'ONU qui devrait s'occuper de cela. Alors, est-ce qu'elle sera en mesure de le faire, je ne sais pas mais maintenant elle a les éléments pour légitimement lancer une enquête.
Pour Djordje Kuzmanovic, l'attitude de François Hollande après les attentats de Paris révèle un embarras certain, voire une preuve de l'action d'Erdogan:
Enfin, on a pu constater qu'il y avait un problème avec l'attitude de M. Hollande à la suite des attentats du 13 novembre en France à Paris, parce qu'il a fait appel à l'article 42.7 du Traité de Lisbonne pour demander de l'aide aux pays européens alors qu'en fait il aurait pu tout simplement demander l'article 5 du Traité de l'Otan. Nous considérons qu'il ne l'a pas fait parce qu'il ne voulait pas mouiller la Turquie qui en tant que membre de l'Otan, aurait dû venir en aide à la France attaquée par Daech par ces attentats. Il aurait dû riposter contre ceux qui sont de facto ses alliés.
Je pense que la France va botter en touche, elle va attendre les décisions de Washington. Malheureusement pour la grandeur de la France, François Hollande s'est manifesté plusieurs fois juste en simple agent obéissant à ce que décident les Etats Unis. Ça s'est vu quand il a arrêté l'avion de M. Morales aux frontières de la France, directement à la demande des Etats Unis, ce qui est incroyable, ce qui ne s'est jamais vu, suite à une demande directe de la Maison Blanche. Ça s'est vu à de nombreuses reprises sur le dossier syrien, et encore une fois, comme je vous le disais tout à l'heure, le fait qu'il n'ait pas utilisé l'article 5 de l'Otan, parfaitement fonctionnel, pour demander de l'aide à tous les pays de l'Otan, y compris la Turquie contre l'attaque subit en France par Daech en montre assez long sur le fait que il est très embarrassé par cette situation et que il ne prendra aucune mesure de lui-même. La Turquie étant un allié très important pour les Etats Unis dans la zone, on risque d'avoir à botter en touche d'une manière ou d'une autre. En tout cas par l'exécutif français.
L'attention se tourne de plus vers la Turquie. Christian Hutin, député de la 13e circonscription du Nord et membre du Mouvement Républicain et Citoyen, n'est pas surpris mais reste indigné. Il s'est rendu en Syrie et a à plusieurs reprises a alerté les députés sur ce problème: il est impératif de remettre de l'ordre dans les alliances de la France:
« Les ennemis des Turcs sont les Kurdes. Et les Kurdes se battent aujourd'hui à nos côtés contre Daech. Et puis les deux pays qui ont été le plus touchés par le terrorisme et l'abomination c'est la Russie et la France avec l'explosion de l'avion et les attentats en France qui ont fait 130 morts. Donc je le souhaite qu'il y ait un réalisme de la diplomatie française que je prône depuis plus d'un an et demi, parfois un peu dans le désert, mais je suis aujourd'hui heureux qu'il y ait un certain nombre de preuves et qu'on a parfois tort d'avoir raison trop tôt »
Des experts s'interrogent sur les destinataires et les rouages du trafic pétrolier de Daech. Pour Alessandro Pansa, directeur des programmes des finances corporatives de LUISS Business School, interrogé par Sputnik Italie, il est possible que le pétrole de Daech arrive en Europe, par le biais de médiateurs, ou plutôt d'imposteurs. Selon l'expert, Daech contrôle les gisements de pétrole mais pas les oléoducs dans les ports. La contrebande du pétrole par le groupe terroriste n'est possible qu'en camions-citernes: l'or noir est pompé illégalement aux usines ou prélevé directement des oléoducs. Ce pétrole extrait dans des puits contrôlés par Daech est l'une de ces principales sources de financement. Il passe ensuite entre les mains de médiateurs:
Il est vendu par le biais des médiateurs qui se font passer pour des sociétés d'ingénierie ou de commerce se spécialisant dans l'extraction de pétrole ou d'autres minéraux utiles.
Les pays dont ils tuent les citoyens en inspirant les attentats comme à Paris paient pour le pétrole de Daesh mais pas directement. Ni la France ni la Grande-Bretagne ni l'Italie ni les Etats-Unis n'achètent exprès les produits pétroliers ou les minéraux à l'EI. Cependant, les médiateurs qui prétendent être légaux déploient les activités commerciales illégales en intégrant au marché le pétrole et d'autres produits précieux portés par la suite sur la liste des produits légaux. Malheureusement, en achetant ces produits, nous soutenons l'EI au plan financier sans nous en apercevoir.
Le ministère russe de la défense doit apporter de nouvelles informations sur les itinéraires de livraison en Syrie depuis la Turquie d'armes, munitions et composants d'explosifs. Dès septembre 2014, Jana Hybaskova, ambassadrice de l'Union européenne en Irak, alertait déjà sur le possible rachat du pétrole de Daech par les des États européens.
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