Il est incontestable que les flux pétroliers dont dispose l'Etat islamique (EI, Daech) ne peuvent s'écouler qu'à travers la frontière turque, a constaté l'ancien ministre français de la Défense et de l'Intérieur, président de la Fondation Res Publica, Jean-Pierre Chevènement.
"La Turquie a une longue frontière avec la Syrie, et on sait qu'elle n'a pas fait tout ce qu'il fallait pour endiguer Daech (…) C'est méconnaître la nature du conflit syrien que de penser qu'un certain nombre de pays, dont la Turquie, n'y sont pour rien", a déclaré M.Chevènement dans une interview à RFI.
Et d'ajouter que la Turquie n'était pas délivrée des obligations qu'elle avait vis-à-vis de la communauté internationale.
"On ne peut pas laisser une organisation comme l'Etat islamique disposer d'un territoire à partir duquel elle fomente des attentats dans le monde entier", a souligné l'ex-ministre, rappelant qu'il n'y avait plus aujourd'hui un seul pays qui ne fût pas menacé.
Dans ce contexte, il a salué le rapprochement entre Paris et Moscou dans la lutte contre Daech.
"Il faut une coalition générale (…) Je pense que l'évolution de la politique française vers la Russie est normale, et je tiens à saluer les efforts qu'a faits le Président de la République pour y arriver (…) Les attentats du 13 novembre sont une césure dans l'histoire longue de notre pays. Il est évident que rien ne pourra plus être comme avant", a conclu M.Chevènement.
Lors d'une conférence de presse mercredi à Moscou, le vice-ministre russe de la Défense Anatoli Antonov a déclaré que le président turc Recep Tayyip Erdogan et sa famille étaient directement "impliqués" dans le trafic de pétrole avec l'EI. Selon le général, la Turquie s'avère être le principal consommateur du pétrole volé à ses propriétaires légitimes, la Syrie et l'Irak.
Le ministère russe de la Défense a produit des preuves, notamment des images satellite attestant que la Turquie était le point d'arrivée du pétrole syrien provenant des gisements contrôlés par l'EI.