La France va prendre de nouvelles mesures contre le financement du terrorisme, en supprimant entre autres l'anonymat des cartes prépayées et en facilitant les gels d'avoirs, a annoncé jeudi le ministre des Finances Michel Sapin lors d'une conférence de presse consacrée à la lutte contre le financement du terrorisme.
"Des terroristes peuvent faire des dégâts gigantesques, d'une violence inouïe (…) avec très peu d'argent: 20.000, 30.000 euros", a déclaré le ministre devant les journalistes.
Et d'ajouter que les auteurs des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis n'avaient pas eu besoin de plus de "30.000 euros" pour organiser leur carnage.
Selon M.Sapin, pour réunir cette somme, "il n'y a pas besoin d'énormément de mouvements" d'argent, les locations de voitures et d'appartements ayant été financés par "un cumul de toutes petites sommes", via notamment des cartes prépayées.
Pour détecter ces mouvements de fonds, le ministre entend "resserrer les mailles du filet" et demander un durcissement aux niveaux européen et international.
"Une information rapide sur ces mouvements de petites sommes peut être cruciale pour repérer des menaces terroristes", a souligné Michel Sapin, insistant sur le rôle joué dans l'enquête sur les attaques du 13 novembre par l'organisme de lutte contre les trafics financiers Tracfin.
Plusieurs mesures ont été annoncées après les attentats de Paris pour renforcer la lutte contre le financement du terrorisme, dont un accès direct de Tracfin au fichier des personnes recherchées (FPR).
Trois assaillants, dont l'organisateur présumé des attentats, Abdelhamid Abaaoud, ont été tués le 18 novembre dans l'assaut de la police française contre un appartement de Saint-Denis, où ils étaient retranchés.
Selon les enquêteurs, un carnage a peut-être été évité grâce à cet assaut, Abdelhamid Abaaoud ayant été tué alors qu'il prévoyait une nouvelle action kamikaze dans le quartier d'affaires de la Défense.