USA, FMI et Chine créent une "union monétaire" contre l'Allemagne

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C'est fait: le yuan chinois rejoint le dollar américain, la livre britannique, l'euro et le yen japonais dans le panier de devises du Fonds monétaire international (FMI).

Après de longues tractations, l'institution a fait connaître sa décision le 30 novembre et cette dernière entrera en vigueur le 1er octobre 2016. Ce choix du FMI s'inscrit dans une volonté de moderniser la structure des finances mondiales. Désormais le cours du yuan (comme les autres devises du panier) sera pris en compte pour déterminer la valeur des actifs du FMI — les droits de tirage spéciaux (DTS), utilisés essentiellement dans les opérations entre les banques centrales. La dernière fois que le rapport des devises du panier avait changé remonte au 30 décembre 2011: l'influence du dollar était alors évaluée à 41,9%, celle de l'euro à 37,4%, celle de la livre britannique à 11,3% et le yen était crédité de 9,4%, rappelle l'agence Bloomberg. La décision du FMI permettra à la Banque populaire de Chine d'influencer le rapport de forces entre les régulateurs monétaires occidentaux. Paradoxalement, c'est Washington qui bénéficie d'une marge de manœuvre et qui érode, grâce à Pékin, les positions géoéconomiques de Londres, de Berlin et de Tokyo.

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Le dollar continue de grimper en stimulant la baisse du cours pétrolier, tandis que l'or renforce ses positions dans le contexte des problèmes russo-turcs (la Russie et la Turquie sont deux grands producteurs d'or). A l'heure actuelle, les financiers de Wall Street sont davantage préoccupés par la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) prévue le 16 décembre que par la situation de la devise chinoise. En fin de compte, l'extension du panier de devises est plus une formalité qu'un scoop: la Chine occupe depuis longtemps la deuxième place de l'économie mondiale.

Washington voit dans la décision du FMI l'opportunité d'influencer indirectement le modèle financier chinois, et c'est pourquoi le Trésor américain a soutenu l'initiative du Fonds. Le Los Angeles Times n'est pas aussi enthousiaste, qui qualifie l'élargissement du panier de "victoire de la Chine" et de "défi pour l'Amérique", mais tout n'est pas aussi schématique. La directrice du FMI Christine Lagarde exige que Pékin poursuive les réformes. Par ailleurs, les Américains n'ont pas de raisons de s'inquiéter: à partir du 1er octobre 2016, la part du yuan dans le panier de devises sera de seulement 10,92%, alors que les positions du dollar ne changeront pratiquement pas — 41,73%. Contrairement à l'euro qui passera à 30,93%, au yen (8,33%) et à la livre (8,09%).

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Les États-Unis atteignent ainsi plusieurs objectifs d'un coup: 1. Ils réduisent l'influence de l'Allemagne, du Royaume-Uni et du Japon sur les DTS en la "diluant" par la présence chinoise; 2. Ils attirent la Chine dans les institutions financières occidentales en réduisant l'intérêt qu'aurait Pékin à créer une alternative au FMI et à la Banque mondiale en Asie; 3. Ils préparent le terrain pour la réforme du FMI dans le cadre de laquelle les pays occidentaux devront sacrifier des quotas au profit des puissances asiatiques émergentes. De facto, les Américains reçoivent tous les bénéfices sans sacrifier de pions sur l'échiquier économique. Les problèmes sont attribués pour l'instant à la Chine, dont on exige qu'elle place sa devise nationale en flottement libre.

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