Neuf pays d'Europe de l'est qui avaient déjà été en opposition avec l'Allemagne sur la crise migratoire ont peur du gazoduc Nord Stream-2, le second gazoduc passant sous la Baltique qui reliera l'Allemagne et la Russie, qui augmentera la dépendance au géant gazier russe Gazprom. Ils affirment que cela contredit les principes de sécurité et de diversification de l'énergie européenne.
"Nord Stream-2 serait, avant tout, néfaste du point de vue géopolitique", car il engendrera plus de pression politique sur des membres de l'est, estime Jacek Saryusz-Wolski, eurodéputé polonaise du Parti populaire européen (PPE), cité par le Financial Times.
Pourtant, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker qui sera responsable de statuer sur la légalité du projet de Gazprom ne partage pas l'idée que le projet doit être perçu comme un geste politique.
M. Juncker estime à son tour qu'il s'agit d'une affaire strictement commerciale et devrait être évaluée seulement du point de vue des règles du marché intérieur européen, faisant écho aux commentaires de la chancelière allemande Angela Merkel.
Le 4 septembre 2015, l'opérateur gazier russe Gazprom a signé un accord sur la construction du gazoduc Nord Stream-2 dans le cadre du Forum économique oriental à Vladivostok (Extrême-Orient russe), a annoncé un haut responsable de l'une des parties signataires.
Outre Gazprom (51% des parts de la nouvelle société), Nord Stream-2 implique les allemands E.ON et BASF via sa filiale Wintershall, l'anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, l'autrichien OMV (10% chacun), ainsi que le français ENGIE (ex-GDF Suez, 9%). Tous ont signé un pacte d'actionnaires sur Nord Stream-2, projet qui prévoit la construction d'un nouveau système de gazoduc similaire à celui de Nord Stream-1, c'est-à-dire en passant sous la Baltique et en tirant parti de l'expérience du premier système désormais opérationnel.
L'accord porte sur la construction de deux nouveaux gazoducs, dont le coût est estimé à 9,9 milliards d'euros au maximum, qui permettront d'augmenter la capacité de Nord Stream de 55 milliards de mètres cubes par an.
L'Allemagne sera le principal centre de redistribution du gaz russe en Europe et ce projet permettra de minimiser les livraisons de gaz via l'Ukraine. Kiev, pour sa part, sera privé des recettes du transit. Cette approche contraste avec la politique publique de Berlin, qui continue de soutenir Kiev. Mais les spécialistes rappellent que l'Allemagne, pays clé de l'UE, peut se permettre un tel écart politique au profit de ses intérêts économiques.