Le New York Times vient de dévoiler qu'au Yémen, où la coalition sunnite combat depuis plus de six mois les Houthis chiites, des mercenaires sud-américains agissent également sur le terrain. Il s'agirait de plus de 400 soldats et officiers colombiens, embauchés et formés grâce à l'argent des Émirats arabes unis.
Mohammed ben Zayed Al Nahyane, frère et héritier de l'émir d'Abou Dhabi, est considéré en Occident comme un réformateur arabe: il est l'architecte de cette nouvelle stratégie.
La situation a beaucoup changé: les Émirats semblent avoir oublié leur "neutralité" financière pour prendre part de plus en plus activement à tous les conflits récents.
Aujourd'hui, ils combattent les Houthis soutenus par l'Iran au Yémen, mais bombardent aussi Daech en Syrie. Ils avaient fait la même chose en Libye, pays pourtant situé à des milliers de kilomètres.
"Les Émirats ne peuvent plus se permettre de jouer le rôle d'une "Suisse arabe", estime Michal al-Gueravi, directeur du centre de recherche Delma Institute à Abou Dhabi. S'il y a des flammes partout, on ne peut pas rester les bras croisés: il faut éteindre le feu ou partir".
Tout en renforçant son armée, le prince Mohammed n'oublie pas l'économie, dont la force motrice est le pétrole, et suit l'exemple de la Norvège où les hydrocarbures sont également le fondement économique du pays. Oslo a réussi à diversifier cette activité et les Norvégiens ont désormais une assurance pour l'avenir.
"Nous ne voulons pas le regretter dans 50 ans, quand nous aurons extrait le dernier baril, a annoncé le réformateur arabe en février 2015. Si nos investissements d'aujourd'hui s'avéraient fructueux, ce moment ne serait pas triste pour nous".
Il est difficile de réformer les Émirats, mais cette tâche est pourtant plus facile qu'en Arabie saoudite voisine, où les autorités religieuses, wahhabites et conservatrices, restent toujours très puissantes. Le prince Mohammed rencontre tout de même une certaine opposition intérieure à ses réformes.