Le conflit actuel ne risque pas de mettre en confiance les investisseurs et pourrait même compliquer davantage le retour de la Turquie à une croissance durable.
Si les relations russo-turques ne se normalisaient pas d'ici la prochaine saison touristique, la Turquie risque de perdre énormément d'argent car plusieurs millions de Russes se rendent chaque année dans ce pays (3,3 millions de touristes en 2014, 1,03 millions au premier semestre 2015, soit 26% de moins qu'à la même période en 2014).
A cause de la diminution du flux touristique russe déjà provoquée par la dévaluation du rouble, selon la Fédération turque des hôteliers (Türofed), l'industrie touristique locale a perdu cette année 4,5 à 5 milliards de dollars, soit près de 0,5% du PIB national.
Plusieurs causes expliquent ce ralentissement de l'économie turque. Premièrement, la Turquie ne parvient pas à réduire l'inflation, qui n'a jamais été inférieure à 6,5% entre 2011 et 2014, et affichait l'an dernier 8,9%. Une telle hausse des prix ne s'accompagne pas d'une indexation des salaires, ce qui impacte le pouvoir d'achat des Turcs. A l'heure actuelle, l'inflation est supérieure à 7% et la hausse des prix des produits alimentaires avoisine les 10%.
Deuxièmement les marchés financiers de la Turquie, comme d'autres pays émergents, sont sous pression à cause du risque d'augmentation du taux directeur par la Réserve fédérale des USA.
Sachant que dans le contexte du conflit en Syrie et de l'intensification des actions du gouvernement contre les Kurdes, les attentats sont devenus plus fréquents en Turquie — les plus puissants ont eu lieu le 10 octobre dernier, qui ont causé plus de 100 morts.
Au final, durant les huit premiers mois de l'année, les investisseurs ont retiré des marchés financiers locaux 4,88 milliards de dollars selon la Banque de Turquie.
Les problèmes politiques ont également affecté la capacité (ou la volonté) des autorités à engager des réformes et améliorer le climat d'investissement.
Un conflit avec la Russie n'améliorerait en rien la situation économique dans le pays. Au contraire, cela ne ferait qu'aggraver les dispositions négatives des investisseurs, voire entraînerait une éventuelle rupture des relations économiques avec la Russie, qui est l'un des partenaires commerciaux clés de la Turquie (1e place pour les importations et 7e place pour les exportations), et réduirait au minimum la croissance économique.