Il y a tout lieu de penser que l'attaque turque contre un bombardier russe, qui ne présentait aucune menace pour le pays, constitue une "manœuvre de diversion", écrit Ranj Alaaldin dans The Independent.
"Or, quatre ans après, Assad est toujours au pouvoir, et son régime sera un élément crucial d'un plan de transition" en cours de négociation pour la Syrie, affirme Ranj Alaaldin.
D'après lui, non seulement Assad et ses alliés se sont assuré le soutien de Moscou, mais ils ont encore obtenu que la communauté internationale — centrée sur la lutte contre l'Etat islamique — ne réclame plus le renversement immédiat du régime de Damas. Enfin, l'Iran a pris le devant de la scène politique dans la région et ne peut plus être ignoré par l'Occident.
"Ce changement de priorités constitue un inconvénient de taille pour Erdogan. Des années de soutien et d'investissements dans des groupes islamistes comme le Front al-Nosra (filiale d'Al-Qaïda) et Ahrar al-Sham semblent partir en fumée", constate l'analyste, ajoutant qu'Ankara a "promis à Daech et à d'autres groupes djihadistes qu'ils allaient prospérer dans la région".
"La Turquie n'a aucun intérêt à apporter au conflit syrien une solution pacifique que les puissances mondiales sont en train de chercher. Sombrant de plus en plus dans le désespoir, elle tente d'attirer de nouveau l'attention sur le régime d'Assad et de compenser par là même les échecs qu'elle a subis en Syrie et sur la scène géopolitique", constate Ranj Alaaldin.
Cette attaque peut constituer pour Erdogan une "manœuvre de diversion très utile" qui lui permettrait notamment d'intensifier sa campagne militaire contre les Kurdes. Mais cette tactique finira à la longue par torpiller les chances de paix en Syrie et de victoire sur l'Etat islamique.
"Pendant de nombreuses années, la Turquie a laissé des groupes djihadistes prospérer. Donc, méfiez-vous des raisons réelles pour lesquelles l'avion russe a été abattu", souligne l'analyste.