Le géopoliticien explique que sa décision de rompre avec le Front national n'est pas spontanée mais bien réfléchie. Il existe plusieurs raisons à cela, notamment des visions différentes sur des questions de valeurs ainsi que sur le fond, dont notamment des divergences sur le programme économique. D'après lui, pour redresser la France, il faut construire un projet crédible.
"Un projet crédible, c’est un projet qui s’appuie aussi sur les forces vives de l’économie, pas seulement sur les exclus de la mondialisation, sur les gens qui souffrent. Bien sûr, les Français qui souffrent, ils sont nombreux et ils sont au cœur de mes préoccupations. Mais la reconstruction du projet économique doit se faire aussi par les forces vives, c’est-à-dire les grands groupes français, les cadres des grands groupes français, les artisans, les commerçants, les petits entrepreneurs, l’ensemble des forces vives qui aussi profitent d’une certaine manière de la mondialisation, et il faut être capable de penser avec eux", explique M. Chauprade.
Sur la question de l’immigration, l'eurodéputé voudrait également un programme clarifié. Selon lui, la France "est bien mieux qu’une race, c’est une civilisation":
"Il faut se battre, donc, face au risque majeur qui est le défi de ce que j’appelle les partisans de la loi islamique qui veulent substituer la loi islamique à la loi de la République. Ça doit être la priorité de notre combat identitaire", soutient-il, ajoutant que "la France est un pays d’histoire catholique et chrétien et nous entendons bien qu’elle le reste".
En outre, pour M. Chauprade, il s'agit également d'une rupture morale, car au FN il manquait le respect de celui à qui l'on doit tout.
Bien que le fondateur du Front national ait eu, certes, des torts et des excès, il fallait sans doute se démarquer de lui sur un certain nombre de sujets, confie-t-il. Pourtant, il y avait d'autres façons de montrer son désaccord.
"Bien évidemment, mon projet va s’inscrire dans l’indépendance de la France, la reconstruction d’une grande droite crédible et de gouvernement qui associera des gens qui viennent des Républicains, qui, je l’espère, associera Marion Maréchal-Le Pen, le temps venu, qui pourra passer par Philippe de Villiers, pour lequel j’ai le plus grand respect, et j’espère qu’il va revenir dans la politique", explique Aymeric Chauprade. Car, selon lui, les personnalités ne manquent pas pour construire "une grande droite de gouvernement crédible que les Français attendent".
Pourtant, il estime que le Front national va encore être très fort, parce qu’il y a un désespoir de la population et qu'une vague électorale va se produire aux régionales.
Il souligne cependant que, s'il est renforcé, ce ne sera que pour un temps.
Quant à la question syrienne et la position russe, M. Chauprade rappelle qu'avant même d’être député du Front national, et pendant sa campagne électorale, il était "le seul député qui est allé en Crimée pour soutenir le rattachement de la Crimée, la réunification de la Crimée avec la Russie". Il souligne qu'au début il l'avait fait contre le gré de son parti.
"Je suis un ami fidèle de la Russie, je compte bien le rester. Je suis un ami fidèle du monde multipolaire, et je salue aujourd’hui le rôle de la Russie qui est un rôle d’apaisement au Moyen-Orient, un rôle pragmatique réaliste qui veut absolument ramener la paix au Moyen-Orient en travaillant avec les acteurs du Moyen-Orient, à commencer par le gouvernement de Bachar al-Assad. Il est évident que la faute majeure du monde occidentale, c’est d’avoir voulu écarter Bachar al-Assad, parce que le régime syrien est un acteur essentiel déterminant, avec lequel nous devons trouver une solution au conflit", souligne-t-il.
D'après l'eurodéputé, la force de la Russie est dans sa "vision réaliste et pragmatique", et non idéologique. Bien qu'il faille un changement en Syrie, il doit se faire de manière souple, progressive, et "c’est exactement ce que la Russie est en train de faire". Elle est en train de ramener tout le monde à la table, et finalement c’est vraiment un acteur d’apaisement, un acteur d’équilibre.
La Russie "montre toute la valeur ajoutée qu’elle a sur la scène internationale pour amener des acteurs du conflit à se mettre autour d’une table et à trouver des solutions. Parce qu’on ne peut pas continuer comme ça à traiter la destruction des pays du Moyen-Orient", conclut Aymeric Chauprade.