Il y expose ses exigences envers l'Union européenne, lesquelles conditionnent son engagement pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Europe, qui fera l'objet en 2017 d'un référendum. Pour Pascal Durand, député européen EELV, fondamentalement opposé à la vision de David Cameron, ce dernier a au moins le mérite de jouer cartes sur table.
"Déjà, au moins, elle a le mérite d'être claire, c'est-à-dire de rappeler précisément ce que souhaite M. Cameron. Et ce que souhaite M. Cameron, c'est de transformer l'Europe pour lui en un simple marché unique… Il dit que, pour lui, l'Europe c'est le single market et non political project… Il ne voit pas à travers l'Europe la construction d'un nouvel espace démocratique, politique, un espace cohérent pour la diplomatie, la défense, les questions sociales… Lui, c'est uniquement la question du marché unique qui le préoccupe".
"Ça pose évidemment énormément de problèmes parce que tous les sujets qu'il écarte de sa volonté de participer à l'Europe, c'est tout ce qui fait que l'Europe est un espace politique qui se veut équilibré. On voit bien qu'il y a des équilibres de solidarité auxquels la Grande Bretagne ne voudrait plus participer tout en étant d'ailleurs la première à demander… je me souviens, au moment des inondations terribles en Angleterre, où David Cameron a demandé l'aide de l'Europe. La réalité, c'est qu'ils sont pleins d'une idéologie qui consiste à dire: il faut déréguler, il faut enlever les normes, en gros il faut laisser le renard dans le poulailler et lui donner les clés. Cameron dit: moi je veux bien garder ma place financière, et d'ailleurs je ne veux pas qu'on régule la finance (…). En gros il veut la finance, il veut garder le marché unique pour pouvoir continuer à l'inonder et gagner beaucoup d'argent, et il ne veut aucune contrepartie à cela".
Habile, David Cameron sait ménager la chèvre et le chou. D'un côté, il fait du pied aux eurosceptiques, affirmant que le Royaume-Uni peut "survivre hors de l'UE" car "c'est un grand pays et la cinquième économie du monde". De l'autre, il rassure les europhiles, je cite: "la question européenne n'a pas seulement trait à la sécurité économique, mais aussi à sécurité nationale. Ce n'est pas juste une question d'emplois et de commerce, mais de sécurité et de sûreté de notre pays".
"Comme elles sont toutes liées, le fait de dire au départ qu'il faille supprimer la notion d'une union toujours plus étroite… en gros, il veut déconstruire l'UE, il faut quand même dire la vérité. A partir du moment où on a toujours dit, nous, que l'Union était en progression, qu'il fallait aller vers plus d'intégration pour être plus puissant, notamment sur la scène internationale mais en même temps pour être un espace qui garantit aux travailleurs, aux jeunes… beaucoup plus de garanties, lui, il veut enlever cela. Donc, il ne veut plus d'une Union plus étroite, donc de fait, ce qui ne se resserre pas va se desserrer et donc se déliter. Il est sur une espèce de souverainisme sur la protection sociale britannique (…), il demande un droit de veto pour les parlements nationaux, la Yellow Card existe déjà, même si elle est mal mise en œuvre (…), simplifier la législation européenne, ce qui est extrêmement problématique parce qu'ils veulent totalement déréguler, détruire complètement ce qui a fait et fait l'Europe. (…) Donc, tout pose problème, rien est extrêmement grave (…). En fait, c'est très démago, c'est: je veux bien prendre tous les avantages et ce qui m'intéresse, mais je ne veux aucune des contraintes. C'est pas de la négo, c'est à prendre ou à laisser".
"David Cameron est dans une logique qu'on trouve souvent dans les négociations (…), il essaye, dans une démarche à la fois démago et opportuniste, d'avancer ses pions et de pouvoir revenir dans ses élections nationales, puisqu'il n'y a que ça qui au fond l'intéresse, en disant: regardez ce que j'ai obtenu de l'Europe, regardez, j'ai préservé l'indépendance et la souveraineté du Royaume-Uni. Et il n'est en capacité d'agir qu'en raison de la faiblesse de l'Europe. La force de Cameron, c'est d'abord et avant tout la faiblesse de l'Europe. Ce qui est très grave, à mon sens, c'est que (…) les grands partis (…) commencent à avoir l'Europe honteuse".
Comme l'a annoncé, sur son compte Twitter, le président du conseil européen: "Les négociations peuvent maintenant commencer". La semaine prochaine, des consultations bilatérales avec les Etats membres sur ce sujet se tiendront…Hajime!!!
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