Le génocide rwandais de 1994 fait couler beaucoup d'encre, même encore aujourd'hui. Suite à la plainte de l'association Survie, le rôle de la France dans ce génocide le plus rapide de l'histoire est de nouveau examiné.
Les pièces à convictions publiées par l'association relatent les témoignages d'officiels et de militaires à ce sujet et démentent les déclarations officielles françaises sur deux points. D'abord, la France aurait livré des armes et munitions avant et pendant le génocide, et de plus, elle aurait eu connaissance du caractère pré-génocidaire et génocidaire du conflit.
Sur un des documents, on peut voir les dates d'autorisations d'exportations d'armes ou de matériel de guerre, mais pas celles de livraison. Evidemment, toutes les informations ne sont pas déclassifiées et publiées, comme l'explique le vice-président de l'association à Sputnik.
L'Elysée semble aussi faire des efforts pour mettre au clair le rôle de chacun dans le génocide et déclassifie certaines archives sur le génocide rwandais. Pourtant, le nombre de documents déclassifiés à ce jour est "bien en dessous du nombre de documents qui restent dans les archives françaises", précise M. Lopes.
Selon lui, "les auteurs eux-mêmes de l'action française au Rwanda, que ce soit des politiques ou militaires, ont défendu dans les médias leur action, ce qu'ils considèrent comme l'honneur de la France. On a par exemple eu Alain Juppé devant l'Assemblée nationale qui a déclaré que si c'était à refaire, il recommencerait à l'identique", fait remarquer l'interlocuteur de Sputnik.
Dès 1993 l'association Survie tire la sonnette d'alarme sur les liens des autorités françaises avec le régime pré-génocidaire de l'époque. Deux décennies écoulées, mais le travail d'enquête semble sans fin, le but poursuivi consistant à rendre justice aux victimes du génocide.
Survie "milite contre la Francafrique, dont l'un des volets est le soutien par nos autorités par différents moyens, économiques, militaires, diplomatiques, à des régimes qui sont dictatoriaux et assez souvent criminels et qui répriment leur population et qui la tuent", signale M. Lopes à Sputnik.
"On a en ce moment Denis Sassou Nguesso qui est en train de se maintenir au pouvoir, qui est un vieil allié de la France et un criminel contre l'humanité. (…) La France continue de soutenir des dictatures, Denis Sassou Nguesso, Idriss Deby au Tchad, Omar Guelleh à Djibouti entre autres, et ces gens-là sont des criminels qui peuvent commettre des crimes de masse encore aujourd'hui", résume-t-il, dépité.