Moscou a ainsi poussé Washington à revoir sa ligne en politique étrangère. Mais cette "petite victoire" a des effets secondaires: le Pentagone a déjà décidé d'intensifier ses actions en Syrie.
La participation de Téhéran aux négociations paraissait peu plausible il y a encore quelques jours, dans la mesure où les États-Unis et l'Arabie saoudite s'y opposaient et quand on sait que le guide spirituel suprême d'Iran, l'ayatollah Khamenei, a interdit aux fonctionnaires iraniens de participer aux négociations avec les Américains sur tous les sujets, sauf le programme nucléaire. Mais tout a changé après les négociations de Zarif avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et les pourparlers du président russe Vladimir Poutine avec le roi Salmane d'Arabie saoudite.
Pendant que Moscou et Téhéran se concertaient, Washington et Riyad étaient également en contact: au cours d'une conversation téléphonique le président américain Barack Obama et le roi Salmane ont convenu de "travailler pour entériner les succès attendus des négociations multilatérales sur la Syrie".
Les ministres des Affaires étrangères de la Russie, des USA, de l'Arabie saoudite et de la Turquie se réuniront aujourd'hui à Vienne, et vendredi la liste des participants sera élargie par la participation de la Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères Federica Mogherini, du ministre iranien et de diplomates d'autres pays de la région.
Le patron du Pentagone Ashton Carter a déclaré au congrès américain que les États-Unis ne renonceraient pas au soutien à leurs partenaires dans la lutte contre l'EI et qu'ils organiseraient des "missions directes impliquant des frappes aériennes et des actions directement au sol".
Cependant, les USA pourraient perdre des alliés en ambitionnant de lancer une opération terrestre en Syrie. Le nouveau premier ministre australien Malcolm Turnbull a rejeté la proposition de projeter des unités terrestres en Irak et en Syrie. Plus tôt, le Canada avait annoncé son retrait de l'opération aérienne en Syrie. Pendant ce temps, le premier ministre irakien Haïder al-Abadi a déclaré que Bagdad n'avait "pas besoin d'opérations terrestres américaines".
Susan Rice, conseillère du président américain pour la sécurité nationale, a annoncé que malgré les divergences de positions avec la Russie et l'Iran, les pays représentés aux négociations de Vienne avaient un potentiel pour trouver un terrain d'entente sur la transformation politique en Syrie. Elle a admis l'éventualité que le président syrien Bachar al-Assad reste au pouvoir pendant le processus de transition.