Arabie saoudite: vers des lendemains difficiles ?

© AFP 2024 Saul LoebRiyad
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Le royaume saoudien semble avoir définitivement connu son âge d’or. Longtemps allié indéfectible de Washington, Riyad doit composer aujourd'hui avec une Amérique affaiblie et qui lorgne vers l'Asie tout en se préparant visiblement à considérablement réduire la voilure de son engagement au sein du monde arabo-musulman, analyse d`Alexandre Latsa.

Le dossier syrien et la chute d'Assad, dossier sur lequel Riyad a tenté d'affirmer son leadership au détriment de Doha notamment, semble se transformer en un piège pour le royaume.

Non seulement Washington semble moins déterminé qu'il y a 18 mois, l'émergence de Daech d'un côté et la relation complexe résultant de l'accord avec l'Iran de l'autre pouvant expliquer cette situation, mais la Russie l'est par contre aujourd'hui bien plus qu'il y a 18 mois.

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Cette passation d'autorité sur le dossier syrien et peut être demain syro-iraquien influe directement en portant atteinte à la volonté de leadership regional que Riyad entend jouer en renversant totalement les cartes régionales. Alors que Washington entendait soumettre les régimes musulmans non alignés au sein d'une grande réorganisation régionale, c'est maintenant Moscou qui devrait au contraire permettre au monde chiite de sortir du chaos en permettant dans le meme temps à l'Iran de revenir au premier plan de la scène régionale et meme internationale.

A cette situation géopolitique et politique globale se greffe un autre problème, de nature purement économique. Pour ne pas être mis en compétition avec le pétrole de schiste américain, l'Arabie saoudite et l'OPEP ont préféré maintenir leur production afin de faire baisser les prix de l'or noir, pénalisant également de facto une Russie fortement dépendante des prix de l'énergie on le sait, et dont l'opération militaire en Syrie coûte cher.

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L'Arabie saoudite au bord de la faillite?
Cette stratégie payante et qui a permis à Riyad de faire baisser la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis, a néanmoins un fort effet pervers: la réduction drastique des entrées budgétaires du royaume qui connait déjà une situation économique intérieure complexe et que l'on peut meme qualifier de précaire.

Le royaume devrait cette année connaitre un déficit financier pour la première fois depuis 2009, contraignant meme Riyad à repousser de nombreux paiements et même repousser des chantiers nationaux d'envergure tel que peut être le métro de la ville, comme le souligne le site d'information RT en francais.

La situation économique intérieure est encore problématique. Un Emirati consomme en énergie plus qu'un Américain et le pays a déjà des besoins énergétiques équivalents à l'Allemagne. Une telle tendance si elle devait se poursuivre entrainerait que: "le royaume consommera en 2028 l'équivalent de 8,3 millions de barils de pétrole par jouré, à comparer avec les 11,525 millions de barils par jour que le royaume a exporté en 2013, L'Arabie saoudite détenant les deuxièmes plus importantes réserves prouvées de pétrole au monde.

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L'Arabie saoudite au bord du précipice budgétaire
Cette situation économique intérieure complexe se greffe sur une situation sociologique intérieure elle aussi sensible. La main d'œuvre étrangère correspond à 50% de la population active du pays tandis que près de 75% des nationaux travaillent dans la fonction publique. Aujourd'hui la création annuelle d'emplois est trop faible et pour faire face au nombre élevé d'entrants annuel sur le marché de l'emploi, 250 à 300.000 personnes de par une démographie dynamique tandis que 75% des Saoudiens ont moins de 30 ans.

Et ce alors que Riyad avait réussi à éteindre tout foyer potentiel de contestation lors du déclenchement des printemps arabes, notamment par la mise en place d'un dispositif de communication habile sur les réseaux sociaux.

Mais alors que le dossier syrien semble peu a peu lui échapper, on peut se demander comment Riyad va dans un avenir proche pouvoir maintenir son statut de leader regional et survivre aux bouleversements profonds que devrait connaitre la région, surtout si le parrain américain devait, pour une raison ou une autre, également accentuer son désengagement régional.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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