Par exemple, Moscou et Washington parlent constamment du "peuple syrien". La Maison Blanche estime que la Russie ne doit pas dérouler le tapis rouge à Bachar el-Assad car il aurait "utilisé l'arme chimique contre son propre peuple". Aux yeux du département d'État américain, le peuple syrien représente ceux qui souffrent du régime, qui fuient le pays et attendent qu'Assad s'en aille.
Ou encore: la Russie et les États-Unis peuvent parler des mêmes individus, mais en les qualifiant respectivement d'islamistes radicaux et d'opposition modérée. Moscou et Washington déclarent qu'ils sont prêts à travailler ensemble sur la transformation politique de la Syrie mais Moscou pense que le meilleur scénario serait celui d'un assouplissement du régime actuel et ne considère pas le départ d'Assad comme une condition obligatoire. Alors que pour Washington, sa démission est la pierre angulaire du processus de paix.
Dans le cas de l'Ukraine et du Donbass, la Russie et les États-Unis parlent également deux langues différentes au sujet des "insurgés" et "terroristes", de la "junte de Kiev" et du "gouvernement légitime". Moscou considère l'élite ukrainienne au pouvoir comme des marionnettes de l'Occident. Washington estime pour sa part que les insurgés du Donbass sont manipulés par la Russie.
Les négociations seront vaines tant que chaque partie pensera être plus forte et croira pouvoir imposer sa volonté. C'est la parité des forces qui pousse les parties à s'entendre et, par conséquent, à limiter leurs ambitions. Et il est déjà clair que l'opposition syrienne ne prendra pas Damas, ou qu'il est impossible de faire plier les insurgés de Donetsk sans une grande effusion de sang.