Malgré son entreprise de dédiabolisation du Front national, Marine Le Pen s'était laissée aller à comparer les prières de rue à l'Occupation: elle est jugée mardi en correctionnelle à Lyon pour ces propos tenus il y a cinq ans, rapporte l'AFP.
Décembre 2010, Marine Le Pen est alors en campagne pour la présidence du Front national face au Lyonnais Bruno Gollnisch. Elle assiste à une réunion publique de militants du parti à la salle du pavillon du parc de la Tête d'Or.
"Je suis désolée mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c'est une occupation du territoire", avait déclaré Mme Le Pen sous les applaudissements.
Une provocation verbale, rare chez elle, qui lui vaut sa première convocation à la barre pour "provocation à la discrimination, à la violence ou à la haine envers un groupe de personnes à raison de leur appartenance à une religion".
Son père, tribun sulfureux de 87 ans, est lui coutumier du fait. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a été exclu cet été du parti qu'il a cofondé, après une série de nouvelles déclarations sur la Shoah jugées pénalisantes pour la stratégie de "dédiabolisation".
Avide de s'exprimer, Marine Le Pen sera bien là mardi, assistée de son avocat, Me David Dassa Le Deist. Elle doit arriver peu avant l'audience qui commencera à 14H00 devant la 6e chambre, celle de la presse, du tribunal de grande instance de Lyon.
"Je ne vais pas rater une telle occasion", avait-elle ironisé il y a un mois à l'annonce de son renvoi devant la justice.
Sur le fond, la présidente du parti d'extrême droite avait déjà laissé entendre sa ligne de défense: elle parlait d'"occupation" qu'avec un petit "o" sans faire référence à la Seconde Guerre mondiale.
Mais pour le Conseil français du culte musulman, "en comparant les Français de confession musulmane aux nazis, Mme Le Pen a porté atteinte à leur honneur et a pris des raccourcis avec l'histoire".
L'Observatoire national contre l'Islamophobie du CFCM s'est constitué partie civile aux côtés de trois autres plaignants: le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), le Mrap et la Ligue judiciaire de défense des musulmans, association présidée par l'avocat Karim Achoui.
La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a indiqué lundi qu'elle allait demander lors de l'audience à rejoindre les parties civiles.
Marine Le Pen encourt une peine d'un an d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.