Dans son interview pour Le Huffington Post Québec, un site d'actualité québécois, Hubert Védrine, ancien porte-parole de François Mitterrand, secrétaire général de l'Élysée et ministre des Affaires étrangères de France, nie toute ressemblance avec les circonstances ayant provoqué le déclenchement de la Guerre de 1914, parallèle dressé par M. Javert. Ce dernier voit dans l'augmentation des tensions entre l'Iran et l'Arabie Saoudite et le début des frappes russes en Syrie, un signe de début de conflit mondial.
M. Védrine rejette pour sa part la faute sur les médias, qui sont obligés de tout exagérer. Selon lui, les causes, les forces et les engrenages de ces deux événements sont loin d'être semblables. La réalité est qu'il s'agit d'une désagrégation au Moyen-Orient et que la situation risque de s'aggraver.
Par ailleurs, les objectifs du président russe Vladimir Poutine apparaissent clairs et nets, il agit fermement et efficacement en Syrie, alors qu'on constate "une juxtaposition de prises de position, plutôt qu'une stratégie" au sein de la coalition US. "Il y a enchevêtrement ou neutralisation de plusieurs stratégies contradictoires", explique l'homme politique.
Quant à la déclaration de Jeffrey A. Stacey, ancien diplomate sous l'administration Obama, selon laquelle "L'Ouest vient de perdre la Syrie comme il a perdu la Crimée", M. Védrine se porte totalement en faux:
"Que veut dire: +l'Ouest a perdu la Crimée+? La Crimée a toujours été russe (ou avant, tatare); Khrouchtchev l'avait rattaché à l'Ukraine, on ne sait pourquoi. Poutine l'a récupéré, certes par des moyens condamnables. Mais quel est le rapport avec l'Ouest?"
Pour conclure, Hubert Védrine souligne que "les intérêts vitaux de la Russie et de l'Occident ne s'opposent pas" en Syrie à deux conditions: "si les Occidentaux et la Turquie reconnaissent que la Russie a des intérêts vitaux légitimes en Syrie (qui ne se confondent pas forcément avec le soutien à Assad); Et si Moscou accepte qu'à un moment donné, Assad doit partir et laisser la place à un gouvernement de transition, où les alaouites et tous les groupes auraient leur place, et obtiendraient des garanties de sécurité."