Sur la mauvaise volonté des Etats-Unis de rejoindre la coalition russe
Sergei Lavrov comprend que le succès de la coalition russe ne fait pas plaisir à la coalition internationale, dont l'opération dure depuis un an mais sans résultats perceptibles. Alors que la coalition a effectué environ 60.000 vols, le groupe terroriste Etat islamique n'a fait que consolider ses forces en se transformant en un nouveau type de terrorisme prenant de plus en plus de territoires et d'hommes sous son influence.
"Même si nos partenaires se sentent gênés car ils n'ont pas pu obtenir des résultats importants, ils doivent néanmoins se surmonter et décider de ce qui est plus important: soit le sentiment de dignité erroné, soit mettre fin à la plus terrible menace de cette décennie."
"Peut-être l'objectif annoncé n'est-il pas très honnête? Peut-être leur but réel est-il le renversement du régime? Car ils ne renoncent pas à leur position voulant que le règlement définitif de la crise syrienne ne sera possible que lorsqu'il n'y aura plus de M. Assad…"
Le ministre a fait référence au renversement de Saddam Hussein et à la condition dans laquelle s'est trouvé et se trouve actuellement l'Irak. Il a rappelé également le renversement du régime de Mouammar Kadhafi et comment nos partenaires occidentaux avaient coopéré avec les extrémistes les plus redoutables, qui se sont ensuite répandus partout en Afrique du Nord.
Pourtant, la Russie propose de coordonner les actions mais ses collègues américains refusent actuellement, a fait remarquer le ministre.
M. Lavrov a noté que les États-Unis refusaient en outre de montrer quelles sont les bonnes cibles qui endommageraient l'EI le plus, alors qu'ils critiquent les démarches russes.
Pas de réponse non plus quant à la demande russe de montrer où il ne faut pas mener des frapper pour contribuer au renforcement de l'opposition que la Russie "affaiblit".
Sur la lutte contre l'EI comme possibilité d'améliorer les relations entre Moscou et l'Occident
Selon le ministre russe, en mentionnant une telle éventualité, le président russe Vladimir Poutine a fait allusion aux alliés de la Seconde Guerre mondiale, alors que l'Occident considérait l'URSS comme un mal mais s'était permis d'oublier toutes considérations idéologiques devant les menaces du fascisme. En se fondant sur l'expérience de la guerre froide, on pourrait tirer des conclusions et créer une coalition en dépit de certains désaccords sur d'autres questions qui sont secondaires aujourd'hui.
Sur l'armement de l'opposition syrienne par les USA
A la question du journaliste demandant si la Russie ne craignait pas que des munitions américaines soient en possession de l'EI, M. Lavrov a coupé net:
"A vrai dire, nous n'en doutons pas, au minimum une grande partie des armes se trouvera entre les mains des terroristes".
Le ministre a ajouté que cela inquiétait également les Etats-Unis, alors que l'opinion publique et le congrès avaient déjà commencé à s'interroger sur des tentatives antérieures de soutenir l'opposition modérée. Il a également mentionné les voitures Toyota à bord desquelles se déplacent les rebelles de l'EI.
Sur certaines déclarations surprenantes des voisins
"J'ai été surpris de lire une citation stupéfiante du premier ministre bulgare Boïko Borissov qui a déclaré que la Bulgarie avait refusé de réaliser des projets énergétique avec la Russie, y compris le South Stream et une centrale nucléaire, y compris l'oléoduc Burgas-Alexandroupolis au profit des États-Unis. Et voilà pourquoi les États-Unis doivent aider la Bulgarie à acquérir le régime sans visas et ainsi de suite. C'est surprenant!", a constaté M. Lavrov.
Kirill Pozdnyakov a ajouté: "Et l'Otan doit aider Kiev à contrôler l'espace aérien".
Et Serguei Lavrov de lui répondre: "Peut-être. C'est incroyable, à quel point les gens n'ont pas honte de faire des déclarations pareilles. J'aurais eu honte devant les électeurs, devant mon peuple".
Sur la désinformation médiatique et le règlement des crises
D'après le chef de la diplomatie russe, Il faut parler directement et franchement, c'est là la clé pour régler toutes les sortes de conflits, en Syrie comme en Ukraine. Il est crucial que le pouvoir actuel et l'opposition dialoguent. Par contre, si les autorités ukrainiennes ne veulent pas parler à l'opposition et que l'Occident les soutient, en Syrie c'est l'opposition qui ne veut pas dialoguer avec Bachar el'Assad, et c'est encore l'Occident qui leur "donne des armes".