Bruxelles mise sur Ankara pour stopper les migrants

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L'Union européenne cherche activement une issue à la crise migratoire.

En effet, les dirigeants ne peuvent pas se présenter au sommet des 15 et 16 octobre sans nouvelles propositions. Le président du Conseil européen Donald Tusk, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le président du Parlement européen Martin Schulz ont évoqué hier la situation lors d'une session à Strasbourg. Ce sujet sera aujourd'hui central dans les allocutions de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français François Hollande.

Aucun plan détaillé pour régler le problème n'a encore vu le jour. Les recettes bruxelloises ont échoué jusqu'ici. La répartition des réfugiés par quotas, la construction de centres d'enregistrement en Grèce et en Italie, l'expulsion de migrants clandestins, sans parler de l'ouverture et de la fermeture des frontières, n'ont fait qu'exacerber les contradictions et les litiges entre les pays.

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Aujourd'hui, on change de stratégie. Il est ouvertement reconnu que la communauté européenne n'arrivera pas à résoudre cette crise sans contribution extérieure et notamment celle de la Turquie où, selon les autorités locales, se trouvent actuellement plus de 2 millions de réfugiés, essentiellement de Syrie.

Les entretiens du président turc Recep Tayyip Erdogan à Bruxelles lundi étaient justement consacrés à cette question. Jean-Claude Juncker a suggéré de se pencher un plan d'action euro-turc commun pour construire six camps en Turquie d'une capacité totale de 2 millions de personnes. Bruxelles est prêt à accorder jusqu'à 1 milliard d'euros pour leur aménagement et améliorer leur approvisionnement. Dans le même temps, l'UE s'attend à ce que la Turquie renforce la sécurité à ses frontières, y compris en mer d'Egée — avec la participation des patrouilles grecques et en coordination avec l'agence européenne Frontex.

Selon Bruxelles, ces mesures devraient stopper l'immigration massive incontrôlée. Dans le même temps, selon certains milieux en UE, il ne sera pas possible de fermer hermétiquement la frontière entre la Turquie et la Grèce. D'après Jean-Claude Juncker, les réfugiés démunis trouveront toujours un moyen d'arriver en Europe, par conséquent la construction de murs ne réglera pas le problème. De plus, on s'imagine difficilement que les migrants de Syrie et d'autres pays en crise acceptent de vivre pendant des années dans des camps.

Les négociations euro-turques ont mis en évidences d'autres circonstances complexes. A l'instar de Recep Erdogan, Donald Tusk a critiqué les actions de Moscou contre le groupe terroriste État islamique. Autre nuance: cette visite a eu lieu l'année du 10e anniversaire des négociations gelées sur l'adhésion d'Ankara à l'UE — mais cette question n'a pas été abordée.

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Les divergences flagrantes n'ont pas pu être évitées. Bruxelles a réagi avec peu d'enthousiasme à l'initiative d'Ankara de créer une zone-tampon le long de la frontière turco-syrienne. Les Turcs estiment que la zone, longue de 100 km, pourrait devenir un asile sûr pour les Syriens qui fuient la guerre. D'après Tusk, l'UE est prête à en parler mais Bruxelles considère que s'il est question de sécurité, alors ce sujet concerne plutôt l'Onu.

Le problème kurde est encore plus complexe pour la diplomatie européenne. Erdogan a insisté sur une attitude plus tolérante des Européens envers les actions militaires d'Ankara contre les Kurdes. Or les capitales européennes critiquent fermement ces agissements, témoignent de la compassion pour les Kurdes et soutiennent leur combat contre l'État islamique.

Toutes ces contradictions semblent avoir joué leur rôle dans le bilan des pourparlers: les négociations de Bruxelles ne se sont soldées que par des déclarations d'intention. Cependant, le plan d'action n'a pas été rejeté. Il est prévu de le mettre au point d'urgence pour qu'il puisse être recommandé au sommet de l'UE à la mi-octobre.

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