Cette nouvelle initiative peut être vue comme le point culminant des protestations contre le pouvoir royal, qui avaient commencé il y a deux ans quand Charles XVI Gustave célébrait le 40e anniversaire de son règne. Les monarchistes avaient essayé de transformer ce jubilé en manifestation de soutien populaire au trône vacillant. Le programme des festivités prévoyait alors une exposition dans le palais, des accueils, des discours et des défilés.
Cependant, cet anniversaire ne fut pas l'illustration du lien inséparable entre le monarque et son peuple. La communauté républicaine avait organisé des danses alternatives au centre de Stockholm, sous le slogan "Honore la démocratie, et non le roi". Le poids de la "gifle" des républicains au chef de l'État avait été souligné par plusieurs hommes politiques de premier rang du pays.
Comme dans d'autres pays européens, la monarchie suédoise repose uniquement sur les traditions et la popularité du chef de l'État auprès de la population. Et Charles XVI Gustave est en difficulté sur le dernier point. Il y a encore 15 ans, sept Suédois sur dix soutenaient la monarchie. Ils sont moins de 50% aujourd'hui à se prononcer pour son maintien.
Mais en dépit de la baisse de popularité de la monarchie et du roi, les journalistes suédois supposent que cette initiative antiroyaliste des députés ne sera pas appuyée par la majorité parlementaire. Le démantèlement des reliques du passé sous forme que représente notamment le pouvoir royal pourrait déboussoler la société, confrontée à des problèmes bien plus sérieux — la situation économique alarmante et la plus grande affluence de réfugiés de l'histoire du pays, pour ne citer que ces deux aspects.
Cependant, les "révolutionnaires" ne comptent pas sur une victoire immédiate. Le plus important, selon les auteurs de l'initiative, est de faire passer les débats sur l'avenir de la monarchie des pages des journaux au parlement. Cela permettrait à la population de se faire à l'idée que prochainement, la Suède pourrait devenir une république.