"Nous comptions sur un crédit de Bucarest. Mais le FMI ne permet pas aux autres pays d'accorder des crédits à la Moldavie en l'absence d’un accord avec le fonds. Ils ont dit non à la Roumanie (…). Nous sommes dans une situation très délicate aggravée par l'instabilité politique", a indiqué Mihai Ghimpu, chef du Parti libéral, membre de la coalition au pouvoir.
La dette moldave
La Roumanie serait le seul Etat européen à aider financièrement la Moldavie qui traverse une crise politique grave suite à plusieurs scandales de corruption impliquant les dirigeants du pays. L'UE et la Banque mondiale ont aussi bloqué l'octroi d'aide à Chisinau.
"Notre pays risque de se voir imposer des accords contraignants identiques à ceux signés par la Grèce. Nous suivons donc avec attention l'évolution de la situation dans le berceau de la démocratie", a indiqué le Parti communiste moldave dans un communiqué.
La dette publique moldave a atteint le niveau catastrophique de 180% du PIB. Les autorités du pays sont obligées de couper dans les dépenses. Selon l'ancien premier ministre moldave Chiril Gaburic, qui a démissionné en juin dernier, un défaut de paiement est imminent.
"Nous avons des fonds pour payer les salaires et les retraites, là il n'y a aucun danger. Mais nous devons réduire nos investissements, cela portera un coup à notre économie et à son développement", note M.Ghimpu.
Scandale de corruption
La Moldavie bénéficie d'une aide du FMI depuis 1993. Adopté en 2010, le programme de coopération en vigueur prévoyait l'octroi d'une aide financière de 570 millions de dollars à Chisinau. La Moldavie en a reçu 490 millions, mais le FMI a bloqué le versement de la dernière tranche de 76 millions en dénonçant l'absence de réformes structurelles, un niveau de corruption important et la disparition d'une grande partie des crédits.
Intégration européenne et ses conséquences
La Russie avait aussi aidé la Moldavie, ancien membre de la Communauté des Etats Indépendants (CEI), jusqu'en 2015. Mais Chisinau a préféré coopérer avec l'Union européenne en signant un accord de libre-échange avec l'UE. La Moldavie doit obtenir le statut de pays candidat d'ici 2017 et devenir membre de l'UE d'ici 2020 conformément à la "feuille de route" de l'accord Moldavie-UE.
La Russie a mis en garde la Moldavie contre les risques économiques de son intégration européenne. Un tiers des produits exportés par Chisinau sont destinés à la Russie et le choix européen représente un choc pour son économie. D'après le vice-ministre russe du Développement économique, Alexeï Likhatchev, la Moldavie ne pourra pas répondre à la fois aux normes de l'UE et à celles de la CEI.
Qui plus est, ce pays est aussi victime des sanctions adoptées par l'Occident contre la Russie. La plupart des sociétés moldaves qui exportent leurs produits vers la Russie appartiennent à des investisseurs russes. Les sanctions occidentales se retournent donc contre ces entreprises, rappelle Natan Garstea, chef de l'agence de notation Estimator-VM de Chisinau.