Crise grecque: l'Amérique a-t-elle forgé une alliance contre Berlin?

© REUTERS / Alkis KonstantinidisA vendor arranges a European Union flag at the Monastiraki area in Athens, Greece July 13, 2015.
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Washington aurait tramé un complot avec Athènes contre l'Allemagne pour éviter l’éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro. Une histoire retentissante… mais tout cela est-il véridique?

Le gouvernement américain a-t-il essayé, au cours de la crise de l'euro, de former une alliance contre Berlin afin de maintenir la Grèce dans la zone euro? Le journal grec Kathimerini affirme avoir pris connaissance d'une dépêche datant du 16 juillet dernier, envoyée à Athènes par l'ambassadeur de Grèce à Washington.

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Le gouvernement américain, selon le document, a appelé Alexis Tsipras à arrêter les attaques contre Berlin et à tenter de créer une alliance avec la Grande-Bretagne, la France, l'Italie et l'Autriche. Pour être convaincant, Athènes devait mener des réformes. Ce serait la seule condition pour qu'ils acceptent d'accorder leur soutien.

Le gouvernement Obama laissait entendre qu'il soulignerait, devant ses partenaires européens, l'importance stratégique de la Grèce et de sa présence au sein de la zone euro, et préconiserait une réduction de la dette aux dépens de la zone euro. Cela signifierait-il que Washington essayait de créer une coalition anti-Berlin?

A y regarder de plus près, on voit que le Kathimerini, qui ne cite même pas la dépêche, ne nous dit rien de tout à fait inconnu. Il est évident que, compte tenu de l'intérêt de la Russie pour la Grèce, Washington était préoccupé par les conséquences géostratégiques de son éventuelle sortie de la zone euro ou même de l'UE. Le gouvernement US appelait sans cesse l'UE et en premier lieu l'Allemagne à faire tout son possible pour sauver la Grèce.

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L'information dont parle le journal semble plutôt une injonction afin qu'Athènes cesse de se brouiller avec Berlin et prenne les choses au sérieux. Ce qui correspond tout à fait aux déclarations d'Obama. Celui-ci a changé de ton et a réclamé des réformes à la Grèce. Dans une certaine mesure, ceci traduisait, au contraire, un rapprochement des positions de Washington et de Berlin.

Cette histoire de prétendue alliance anti-Berlin a un défaut capital: le Kathimerini nomme la Grande-Bretagne parmi les pays dont le soutien aurait été sollicité par Athènes. Mais la Grande-Bretagne n'est pas membre de la zone euro et n'a donc pas de droit de vote au sein de l'Eurogroupe. Il nous reste l'Autriche (qui était alors sans opinion), la France et l'Italie, qui soutenaient le plus Athènes. Or, leurs positions étaient connues et ne nécessitaient pas l'aval de Washington.

Ainsi, cette histoire peut plutôt être considérée comme un appel à Athènes, poussé à proposer enfin des réformes pour ne pas perdre ses derniers alliés en Europe. Les Américains redoutent les conséquences tant économiques que géostratégiques de l'isolement de la Grèce. Isolée, elle aurait été obligée de se retirer de la zone euro.
Ce que certains ont perçu comme un complot ne serait alors qu'un simple compte rendu de l'ambassadeur grec.

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