C'est au peuple syrien de décider qui doit diriger la Syrie
A la question a priori provocatrice du journaliste américain Charlie Rose de savoir si l'intention de Vladimir Poutine était de maintenir l'administration de Bachar el-Assad en place, le président a répondu par un "oui" catégorique. De surcroît, d'après le président, faire le contraire, détruire les structures légitimes du pouvoir, mènerait à une désintégration de toutes les institutions étatiques, comme c'est le cas en Lybie ou en Irak. La bonne démarche consiste à renforcer les structures étatiques légales et à les aider à lutter contre le terrorisme tout en encourageant un dialogue positif avec la frange raisonnable de l'opposition sur des réformes politiques.
Charlie Rose a rappelé au président russe que certains membres de la coalition souhaitaient que Bachar el-Assad quitte le pouvoir et que seulement à cette condition, ils soutiendraient le gouvernement.
"Je recommanderais d'adresser ces souhaits au peuple syrien. Il n'y a que le peuple syrien à avoir le droit de décider à l'intérieur du pays qui, comment et selon quels principe, doit diriger le pays", a coupé net M. Poutine.
Le chef de l'Etat a également dénoncé le fait de soutenir l'opposition, et "principalement les organisations terroristes dans le seul but de renverser M. Assad, sans penser à ce qui arrivera au pays après l'anéantissement de ses institutions étatiques".
Le président a répondu que l'insistance (de M. Rose, ndlr) à affirmer que l'armée syrienne luttait contre son peuple "était digne d'une meilleure cause", 60% du pays étant contrôlé par l'EI et d'autres organisations terroristes.
Il a ajouté que la Russie ne prendrait part à aucune opération militaire sur le territoire syrien ou dans d'autres pays. La Russie s'apprête en revanche à intensifier la collaboration avec le président Assad et d'autres partenaires.
Pour la Russie, il est inacceptable de résoudre les problèmes par un coup d'Etat
Sur la crise ukrainienne, Vladimir Poutine a expliqué qu'il s'agissait du peuple le plus proche des Russes: une langue, une culture, une histoire et une religion communes unissent ces deux peuples, c'est donc un grand dilemme pour les Russes. Mais ce qui est inacceptable pour la Russie, c'est d'intervenir dans la politique intérieure et d'entreprendre des actions inconstitutionnelles à l'aide de coups d'Etat, à l'instar des partenaires américains qui ne cachent pas leur rôle dans le renversement de l'ancien président Viktor Ianoukovitch.
Selon Vladimir Poutine, on sait précisément comment a été préparé le coup d'Etat en Ukraine: comment ces gens ont été soutenus, "combien ils ont été payés, comment ils ont été préparés, sur quels territoires, dans quels pays, qui étaient leurs instructeurs". Il est crucial de respecter la souveraineté des autres pays, notamment de l'Ukraine. Et pour cette raison, les coups d'Etat et le renversement d'un pouvoir légitime sont inacceptables.
Charlie Rose a alors rétorqué que beaucoup de monde parlait de la présence milliaire russe en Ukraine.
Les troupes russes à la frontière ukrainienne: et les troupes américaines en Europe?
"L'arme nucléaire tactique des Etats-Unis se trouve en Europe, ne l'oublions pas. Est-ce que ça veut dire que vous occupez l'Allemagne ou que vous avez transformé les troupes d'occupation en troupes de l'Otan? Et si nos troupes sont présentes sur notre territoire à la frontière d'un autre pays, vous croyez que c'est un crime?", a lancé le président.
Le secret de la popularité de Vladimir Poutine
D'après le journaliste, beaucoup d'Américains parlent de Vladimir Poutine et se l'évoquent en train de galoper torse nu sur un cheval, ils se souviennent du travail du président au KGB quand il était jeune, un portrait très viril qui éveille l'intérêt du public. De plus, "n'importe quel homme politique "envierait la cote de popularité du président russe". Et de demander quel est le secret de cette popularité.
"Il y a une chose qui m'unit aux autres citoyens russes (…) c'est l'amour de notre Patrie", a répondu Vladimir Poutine.
La démocratie ne se fait pas en un jour
Quant à la démocratie, le président a rappelé qu'elle n'existe pas sans le respect de la loi. Et le processus démocratique est long, il est en développement, notamment aux États-Unis. Sinon, des problèmes comme les tensions à Ferguson ou l'arbitraire de la police n'existeraient pas aux États-Unis. Le plus important est de résoudre les problèmes de façon efficace, le plus tôt possible.