La progression des chiffres du chômage en France

© AFP 2024 Boris Horvatchômage en France
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Les chiffres du chômage ont été très mauvais au mois d’août. Au delà des interrogations que l’on peut avoir sur les méthodes de calcul, cette évolution signe l’échec de la politique économique mise en œuvre par Manuel Valls sous la direction de François Hollande.

Chômeurs et « demandeurs d'emplois »

Il convient tout d'abord de savoir que les données présentées en France ne sont pas celles du « chômage » mais des « demandeurs d'emploi ». De ce point de vue, les données ne sont pas nécessairement cohérentes avec celles correspondantes au sens de l'OIT. Les données des demandeurs d'emplois sont des données administratives, et peuvent faire l'objet de corrections, en particulier quand le demandeur d'emploi ne remplit pas certaines des conditions pour se voir inscrit. Dans ce cas, il est rayé des listes et « disparaît », mais ne cesse pas pour autant d'exister comme « chômeur ».
C'est la catégorie « A » qui est constamment citée. C'est elle qui sert aux hommes politiques pour les discours sur le « chômage ». Elle inclut les demandeurs d'emploi, sans emplois, tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi. Cette catégorie a progressée de 2,9 millions en mai 2012, lors de l'élection de François Hollande à 3,57 millions en août 2015. C'est une catégorie importante mais pas nécessairement totalement représentative.

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La catégorie « D » dans les calculs de la DARES en est très proche de la catégorie « A » et devrait logiquement lui être associée. Elle couvre toute personne déchargée de l'obligation de faire un « acte positif de recherche d'emploi » dans le mois courant, quel qu'en soit la cause, mais sans emploi. Cette définition correspond bien à la conception normale d'un « chômeur ». Retenons donc la pertinence de la catégorie « A + D ». Par ailleurs, les personnes qui sont en catégorie « B » ont un emploi à temps très partiel qui leur a été imposé (- de 78h par mois) et souhaitent travailler. Cela correspond aux chômeurs qui retrouvent un emploi pour quelques jours, mais qui ne cessent pas d'être des chômeurs pour autant. Ainsi, le chômage réel couvre en réalité les catégories A + B + D, et l'on peut considérer que la catégorie B+D correspond à un chômage masqué statistiquement. On passe donc pour ce nouvel agrégat de 3,74 millions en mai 2012 à 4,57 millions en août 2015, soit un million de plus que la simple catégorie « A ». Si l'on ajoute les personnes radiées des listes de Pôle emploi ou qui ne ce sont pas réinscrites, on peut considérer qu'il y a aujourd'hui en France environ 5 millions de chômeurs.

Les raisons du chômage

Les chiffres du chômage se dégradent en réalité depuis l'été 2011. C'est sous l'effet des soi-disant « réformes Fillon », cette croissance s'est arrêtée. Elle ne fut plus, en moyenne par trimestre, que de 0,15% du 4ème trimestre 2011 au 2ème trimestre 2013 quand on peut raisonnablement penser que l'influence des mesures prises par le dernier gouvernement du quinquennat de Nicolas Sarkozy s'est estompée. Mais, la politique économique impulsée par François Hollande, et mise en œuvre tant par Ayrault que par Valls, s'est avérée tout aussi calamiteuse. Sur les 8 trimestres qui séparent le 2ème trimestre de 2013 du 27me trimestre de 2015, la croissance moyenne par trimestre n'est que de 0,11%, soit moins de 1% sur le total des 2 années écoulées.

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C'est cette continuité entre la politique « Fillon-Sarkozy » et la politique « Ayrault/Valls-Hollande », qui explique la forte croissance du nombre des demandeurs d'emplois depuis l'été 2011.
On a pu croire récemment que la France était sortie au premier trimestre 2015 de cette situation de très faible croissance. Mais, en réalité, la croissance relativement élevée du 1er trimestre de cette année (+0,7%) apparaît bien plus comme un phénomène de « rattrapage », qui a pu être encouragé par:
(1) la chute du taux de change de l'euro face au dollar.
(2) Les faibles prix de l'énergie.
Pourtant, il faut constater que les effets positifs de ces deux facteurs semblent avoir cessé dès le 2ème trimestre de 2015 ce que montrent les facteurs de croissance du PIB.

Tableau 1

Contribution à la croissance du PIB (en points de croissance du PIB)

 

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Contribution de la consommation finale

1,8

0,5

0,7

1,3

0,5

0,3

0,6

0,7

Contribution de la FBCF

1,2

0,2

-2,1

0,5

0,5

0,1

-0,1

-0,3

Contribution du solde du commerce extérieur

-0,8

-0,3

-0,3

-0,1

0,0

0,5

0,0

-0,5

Contribution de la variation des stocks

0,2

-0,2

-1,1

0,3

1,1

-0,6

0,2

0,2

Total

2,4

0,2

-2,9

2,0

2,1

0,2

0,7

0,2

 

Source : INSEE

On constate que si la contribution de la consommation finale fut, en 2013 et 2014, supérieure à ce qu'elle fut en 2011 et 2012, la contribution l'investissement (la FBCF) est restée plus faible et la contribution du solde du commerce extérieur aussi. En fait, seule la variation des stocks vient compenser ces effets récessifs. En fait la production industrielle, qui aurait dû être la plus favorablement influencée par la baisse de l'Euro et la baisse des prix des hydrocarbures, se contracte depuis le mois de mai.
Cela peut se comprendre pour les raisons suivantes:
(i) La baisse de l'euro face au dollar ne joue pas sur le commerce avec les partenaires de la zone euro ou les pays dont la monnaie est indexée sur l'Euro. Ces pays rassemblent environ 60% du commerce extérieur (et même 65% pour ce qui est des exportations).
(ii) Au sein de la zone euro, la France doit faire face à une concurrence accrue des pays réalisant une dévaluation interne comme l'Espagne, le Portugal, et dans une moindre mesure l'Italie.
(iii) Les sanctions prises par l'UE contre la Russie et les contre-sanctions prises en rétorsion par la Russie contre les pays de l'UE affectent sensiblement notre capacité à exporter sur l'un des marchés « hors-zone euro » les plus importants pour notre économie.
(iv) L'impact des prix des hydrocarbures est relativement faible en France en raison du poids restreint de ces hydrocarbures dans la balance énergétique.

Les chiffres du chômage d'août 2015 ne sont donc nullement une surprise. Ils ne font que traduire les effets d'une politique économique réellement catastrophique. Cette politique constituant cependant le socle de la politique gouvernementale, il faut s'attendre à de nouvelles dégradations dans les prochains mois.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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