Il y a encore une semaine, les autorités croates annonçaient avec conviction qu'elles accueilleraient tous les réfugiés se dirigeant vers l'Europe par le "corridor des Balkans", avant de les laisser se rendre librement en Autriche et en Allemagne. Mais dès le lendemain de leur arrivée dans le pays, la situation a changé du tout au tout. Plus de 15 000 migrants en provenance de Serbie après la fermeture de la frontière hongroise ont littéralement balayé les cordons de police qui tentaient de les enregistrer et se sont dirigés vers Zagreb pour rejoindre ensuite l'Europe occidentale. Incapables de maîtriser un tel afflux de réfugiés, les Croates ont annoncé la fermeture de leur frontière et, à certains endroits, ont commencé à envoyer les clandestins chez leurs voisins. La Croatie est allée jusqu'à placer 800 réfugiés dans un train avec 40 policiers pour les envoyer en Hongrie sans en avertir Budapest. Les forces spéciales hongroises ont dû non seulement arrêter les conducteurs du train, qui jouent en l'occurrence le rôle de contrebandiers, mais également désarmer les policiers croates. L'incident a été suivi d'un grand scandale diplomatique. Le ministère des Affaires étrangères hongrois a fermement critiqué les autorités croates pour leur "compréhension très étrange des règles" de l'UE et supposé que la Croatie devrait encore attendre longtemps son adhésion à l'espace Schengen.
Ce week-end, des unités hongroises supplémentaires de la police et de l'armée ont été projetées à la frontière hongro-croate. Samedi dernier, encore 4 200 réfugiés étaient arrivés en Hongrie par la frontière croate, dans des convois en bus et en train organisés par les autorités croates, cette fois en informant Budapest.
On ignore encore combien de temps durera le "flux du sud" des migrants en UE via la Croatie. La Hongrie appelle l'UE à adopter, enfin, des mesures efficaces. Le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto est persuadé que si rien n'était fait, l'Europe devrait prochainement accueillir entre 30 et 35 millions de réfugiés.