Attaqué par des terroristes islamistes en janvier 2015 pour ses caricatures du prophète Mahomet, et puis au cœur d'un nouveau scandale autour des caricatures du petit réfugié, Charlie Hebdo ne semble pas du tout découragé et poursuit sa politique de satire blessante, tête levée.
La caricature où l'on peut voir le petit Aylan gisant sur une plage, avec, au loin, un panneau publicitaire McDonald affichant: "2 menus enfant pour le prix d'un", et "Si près du but" en guise de légende, a d'abord bouleversé le monde entier apparemment dépourvu d'humour noir, et puis a paradoxalement obtenu le prix pour la liberté d'expression. C'est donc de cette manière qu'on définit la liberté d'expression actuellement?, devraient se demander les lecteurs.
Le prix M100 Media Awards a été remis au rédacteur en chef de l'hebdomadaire Gérard Biard jeudi lors de la conférence internationale dans le château de Sans-souci à Potsdam, près de Berlin. Dans son discours de remerciement, M. Biard a défendu l'humour de ses caricatures.
"Ces dessins sont satiriques et la satire doit provoquer un choc", a-t-il déclaré à la presse, ignorant le fait que l'hebdomadaire s'est vu accuser de racisme à l'égard des réfugiés, et pas sur le caractère satirique de ses dessins.
Gérard Biard semble cependant camper sur ses positions.
"Si cela ne provoque pas de choc, il ne s'agit pas d'un bon dessin", insiste-t-il.
Le prix M100 Media Award est décerné annuellement par un jury composé de journalistes du monde entier depuis 2005. Charlie Hebdo a succédé ainsi à Vitali Klitchko, lauréat de l'année 2014.
Après la remise d'un tel prix, il y a peu d'espoir que l'hebdomadaire tirera les leçons de ces scandales. Il ne reste qu'à espérer que l'hebdomadaire gardera désormais son humour contradictoire au sein de la rédaction pour qui il n'y a rien de sacré, sans le laisser gagner le grand public qui ne partage évidemment pas sa satire pernicieuse.
"Même si tout le monde n'est pas d'accord avec ce que nous publions chez Charlie (…), pour nous c'est un grand réconfort", a maintenu toutefois le satirique psychorigide Gérard Biard.