Le chef de l'Etat russe a notamment appelé à renoncer aux ambitions géopolitiques et à la politique de deux poids deux mesures pour mieux combattre le groupe djihadiste Etat islamique (EI).
M.Poutine s'est dit préoccupé par l'ampleur des activités de l'EI qui s'est emparés de vastes régions en Syrie et en Irak et envisage de prendre le contrôle de La Mecque, de Médine et de Jérusalem et d'effectuer des attaques en Europe, en Russie, en Asie centrale et du Sud-est.
Il faut cesser, selon lui, d'instrumentaliser certains groupes terroristes en vue de renverser des régimes politiques considérés comme indésirables. On ne pourra pas chasser les terroristes de Syrie sans coopérer avec Damas, a-t-il ajouté.
Si Moscou ne soutenait pas le président Bachar el-Assad, la situation en Syrie serait pire qu'en Libye et la crise des migrants serait encore plus grave, a souligné M.Poutine. Il a promis que la Russie aiderait toujours Damas à lutter contre les djihadistes, avant d'appeler la communauté internationale à se joindre à ces efforts.
Le président russe a par ailleurs rappelé que le président Assad était prêt au dialogue avec l'opposition et aux réformes dans son pays. "Il importe d'envisager des réformes politiques dans ce pays. Nous savons que le président Assad est prêt à inviter les forces saines de l'opposition à participer à la gestion de l'Etat", a noté M.Poutine.
Boris Dolgov, chercheur du Centre russe des études arabes et islamiques, a indiqué que Damas était prêt depuis longtemps à communiquer avec certains groupes d'opposition. "Les forces saines de l'opposition syrienne, c'est avant tout l'opposition patriotique intérieure. Un système multiparti fonctionne en Syrie depuis 2012. Il réunit plusieurs nouveaux et anciens partis qui critiquent le gouvernement mais peuvent dialoguer avec lui", a noté M.Dolgov.
"Il y a également l'opposition extérieure. Ces forces non armées sont prêtes à coopérer avec le régime syrien sous certaines conditions" et un compromis à cet égard est possible, d'après lui.
D'ailleurs, la participation de l'opposition syrienne à la gestion du pays ne signifie pas le départ du président Assad, note Elena Souponina, conseillère du directeur de l'Institut russe des études stratégiques. "Il s'agit seulement du pouvoir exécutif. La Russie estime que le président Bachar el-Assad doit conserver son poste et ses fonctions", a-t-elle insisté.
"M.Poutine propose les moyens de régler ce conflit. Beaucoup de forces, y compris en Syrie, peuvent se réunir dans l'espoir de mettre fin au terrorisme en Syrie, mais il importe que les médiateurs internationaux jouent aussi franc-jeu. Malheureusement, certains d'entre eux auront du mal à renoncer à leurs ambitions géopolitiques. Une politique honnête, cela arrive, mais c'est chose rare au Proche-Orient", a conclu Mme Souponina.
Moscou avait antérieurement exhorté la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, qui lutte contre l'EI en Syrie et en Irak, à dialoguer avec les autorités syriennes. En septembre dernier, M.Poutine s'est entretenu par téléphone avec son homologue américain Barack Obama sur la création d'une coalition antiterroriste internationale sous l'égide de l'Onu et comprenant les pays de la région.