Le Bild allemand a été littéralement harcelé par des lecteurs mécontents de voir la photo d'Aylan Kurdi sur ses pages. Alors que le journal appliquait une politique proclamant que "le monde doit savoir la vérité", les lecteurs se sont montrés préoccupés par ce type de vérité. Ainsi, une photographie du petit réfugié syrien, devenu mondialement connu post mortem, est apparue juste comme la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de leur patience — et ils se sont érigés contre de telles publications.
Warum @BILD heute keine Bilder zeigt! http://t.co/qWQ9Z1OkbR pic.twitter.com/SXY9DoXgj2
— Kai Diekmann (@KaiDiekmann) 8 сентября 2015
Le quotidien, par conséquent, a été obligé de nettoyer ses pages de toutes les funestes photographies du petit Syrien mort noyé en Méditerranée. Ses photographies ont retenti comme un coup de tonnerre, suscitant un vaste sentiment de désarroi et de compassion dans le public — un appel à sa conscience qu'il n'a pas du tout apprécié.
…sieht verdammt LEER aus! @BILD pic.twitter.com/WFa045A6HO
— Kai Diekmann (@KaiDiekmann) 8 сентября 2015
Heute in @BILD: Alle Seiten, die gestern OHNE Fotos auskommen mussten, noch einmal MIT Fotos! #BILDohneBilder pic.twitter.com/VELyIRypST
— Kai Diekmann (@KaiDiekmann) 9 сентября 2015
Par la suite, le Bild a comparé les photographies d'Aylan à celle d'une petite fille vietnamienne, qui avait elle aussi suscité un tollé dans les médias à l'époque de la guerre du Viêt Nam.
"Le monde doit voir la vérité pour devenir différent", a déclaré le Bild.
La décision de supprimer les photographies du réfugié est survenue une semaine plus tard, après que le journal ait consacré toute sa quatrième page à cette photo angoissante d'Aylan, tête au sol sur la plage de Bodrum.
Cette image a également rendu perplexe quelques médias occidentaux. Le Guardian britannique, par exemple, a préféré publier la photographie d'un policier, portant le petit dans ses bras, à celle dont il est question.
The Independent a été le seul média du Royaume-Uni à avoir publié la photo scandaleuse.
Le rédacteur de the Independent Amol Rajan s'est quant à lui prononcé en faveur de cette publication.
"Après tout, nous avons ressenti — et nous le ressentons toujours — que le choc constitue un instrument puissant du journalisme, tout comme pour la démocratie. Notre ambition était de choquer le monde et ainsi de l'inciter à agir", a-t-il souligné.
#Sand #sculpture in #Gaza #Aylan #SyrianRefugees #RefugeesWelcome #HumanityWashedAshore #FreePalestine pic.twitter.com/XVhxIyfNUt
— Nick C. Roberts (@robertsnickc) 9 сентября 2015