Le Congrès mondial des Tatars de Crimée a eu lieu le 1er et 2 août à Ankara. Parmi ses organisateurs principaux figurent Moustafa Djemilev, ancien président du Majlis (« Assemblée ») du peuple tatar de Crimée, et son successeur Refat Choubarov, interdits d'entrée en Crimée pour "incitation à la haine ethnique".
"Ce congrès est un projet personnel de Djemilev. Son objectif est de prendre en main la diaspora des Tatars de Crimée afin d'user au maximum de son influence et de ses possibilités. Le premier congrès de ce genre s'est tenu en Crimée en 2009. Comme la diaspora restait méfiante à l'égard de Djemilev, les congrès n'ont pas eu lieu pendant 6 ans. A présent, le Majlis du peuple tatar de Crimée a cessé son activité. Cherchant à établir sa légitimité et à bénéficier d'une aide financière, Djemilev a convoqué le Congrès d'Ankara. Un autre objectif est d'obtenir le soutien de la Turquie afin de créer un bataillon musulman dans la région de Kherson", relève Ünver Sel.
D'après Djemilev, le bataillon déployé à la frontière de la Crimée devrait être placé sous la juridiction du ministère de la Défense de l'Ukraine. Il a également ajouté que les troupes seraient chargées de surveiller le transit des marchandises et des personnes entre l'Ukraine et la péninsule.
"Certains combattants de l'EI se sont rendus à Kherson afin d'intégrer le bataillon musulman", remarque le président de l'Association turque des organisations des Tatars de Crimée.
"Djemilev joue avec le feu sans se rendre compte qu'il entraîne son peuple dans une guerre. Je considère que cette situation est inacceptable", souligne Ünver Sel. Selon lui, il est hors de question que le gouvernement turc munisse d'armes le bataillon musulman en Ukraine. Quant à l'aide financière de la part d'Ankara, la question reste en suspens.
Récemment, les présidents de Russie et de Turquie Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont discuté de la situation des Tatars de Crimée dans le cadre de la réunion au sommet du Conseil de coopération russo-turc. Erdogan a soutenu les démarches de Poutine concernant la population de la presqu'île, après avoir relevé « l'approche positive » de la question criméenne manifestée par le président russe.
Erdogan a déclaré dans son intervention: « Nos frères Tatars de Crimée ont désormais les droits qu'ils n'avaient pas avant, à savoir que la langue tatare a maintenant le statut de langue officielle ». « Mon homologue Vladimir Poutine a souligné lors des négociations que la Russie pensait aux intérêts et au bien du peuple tout entier et pas seulement à ceux d'un groupe particulier, et c'est très important. Nous sommes solidaires avec cette position », a ajouté Erdogan.