La chute du mur et le déclin de l'esprit analytique dans le monde ont renforcé cette puissance totalitaire du mensonge médiatique occidental que des masses consomment et oublient, même quand elles ont été détrompées. Plus le mensonge est gros, plus il passe, ont dit Goebbels et avant lui le si fameux marquis libéral-libertin de Sade.
C'est pourquoi "on" se permet de dire avec fatuité et irresponsabilité que Poutine=Hitler, que la Chine=Hitler, que l'Allemagne doit à nouveau s'armer pour contrer la Russie ou le Japon, la Chine, tout aussi dangereuse pour la démocratie revue et corrigée par la doctrine Wolfowitz et les stratèges du Pentagone, c'est pourquoi aussi on doit faire venir — pour des raisons humanitaires — des millions de Damnés de la Terre, tous expulsés par les crimes du capitalisme impérial et les guerres américaines.
Voyons ce que disait un professionnel de la télé française, le sympathique et estimé Jacques Merlino, au sujet des redoutables manipulations antiserbes menées en Europe par les plus lâches ou les plus dangereux de nos agitateurs et responsables. C'est dans son livre sur les vérités yougoslaves (qui ne sont pas toutes bonnes à dire!), publié par mon éditeur Albin Michel en 1993 déjà, que le rédacteur en chef du journal d'Antenne2 révélait — en vain — les inventions et manipulations médiatiques qui allaient mener l'Europe au début de son suicide, poursuivi de bon cœur depuis par le falot Hollande et la désastreuse Merkel, en passant par Blair (grassement récompensé depuis, comme Rasmussen…).
Sur les viols pratiqués à l'échelle industrielle par les serbes, Merlino relève qu'il n'y a que cinquante témoignages directs! Après on a extrapolé à soixante mille viols!
Un coup de pied en amont, un génocide en aval! Pourquoi se gêner, occidentaux? Affabulez, et bombardez!
Et Jacques Merlino évoque "les rumeurs invérifiées, les estimations" et même la naïveté des Serbes qui laissèrent visiter leurs camps de prisonniers par des inquisiteurs mués en enquêteurs. Et il dit cela: "L'armée serbe est persuadée de n'avoir rien à craindre de ces reportages. C'est qu'elle connaît mal la presse."
C'est que la presse, au règne de la vitesse défini et approfondi par Paul Virilio, est un outil de formation destiné à établir un ordre nouveau universel. "Diktat de la brièveté. Changer de sujet avant de changer de chaîne", écrit notre auteur dans des lignes inspirées.
Les futuristes qui allaient rejoindre le fascisme célébraient le culte de la vitesse et les médias sont devenus une arme de guerre massive et rapide: "créons de l'émotion, ne vérifions rien, écrasons sous les bombes, et puis passons à autre chose!"
Merlino interviewe James Harff, un manipulateur américain qui explique comment on a nazifié les Serbes, qui avaient été les plus grandes victimes chrétiennes (seulement orthodoxes il est vrai) du nazisme allemand.
"L'entrée en jeu des organisations juives aux côtés des Bosniaques fut un extraordinaire coup de poker. Aussitôt, nous avons pu faire coïncider Serbes et nazis dans l'esprit de l'opinion. La charge émotive était si forte que plus personne ne pouvait aller contre."
Continuons: au siècle de "l'idiot visuel", tout passe par l'image et sa manipulation.
Notre auteur ajoute: "Une seule image, si elle a une forte charge émotionnelle, si elle s'inscrit dans le courant de la pensée dominante, fera alors le tour du monde."
Il conclut sur notre pensée et notre information occidentale manipulée par ces EVN (images non vérifiées mais exploitées, voyez les gluants égorgements de Daesh):
"Epuisée par un discours humanitaire dont les excès sont presque totalitaires, la pensée occidentale appréhende le monde à travers un prisme déformé. Incapable de fournir un mode de compréhension, elle évacue ce qui lui résiste par la diabolisation et le recours aux anciennes chimères. Elle se réfugie dans un appel à l'action armée."
Et Merlino de rappeler le toupet de la guerre humanitaire:
"Lorsqu'il s'appelle cause humanitaire, le droit d'ingérence prend un plaisir diabolique à soigner les blessés qu'il a fabriqués."
Cela rappelle la réflexion du capitaine Villard dans Apocalypse now: "on les bombarde et ensuite on leur met des pansements".
Si seulement on pouvait apprendre à analyser au téléspectateur occidental: cela lui éviterait d'être trompé, ruiné, envahi et bientôt anéanti.
Mais il en redemande…
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