Nouvelles stars des réseaux sociaux
La fameuse réforme de la police ukrainienne lancée récemment a déjà fait beaucoup de bruit.
Les représentants des forces de l'ordre, débarrassées du nom soviétique de "milice" pour porter le nom plus policé de "police", ont été affublés d'uniformes bleus ultramodernes, de nouvelles voitures de service 200 Toyota Prius, de planchettes et de caméras fixées sur le corps.
Ровно месяц прошел с того момента когда украинская полиция приняла присягу на верность украинскому народу #kievpolice pic.twitter.com/jIzikGulZx
— Алексей Савкин (@Alexey_Savkin) 4 августа 2015
Parallèlement à cela, les autorités de la capitale ont décidé de renouveler les rangs de la police en envoyant les policiers âgés à la retraite et en recrutant près de 2.000 employés, dont un quart de femmes. Censés lutter contre la corruption, les nouveaux policiers toucheront un salaire trois fois plus élevé qu'auparavant, le montant total constituant entre 360 et 450 dollars US.
La gentillesse et la photogénie des nouveaux policiers les ont rendus célèbres dans les réseaux sociaux. Les habitants de Kiev ne se lassent pas de faire des "selfies" avec ces jeunes gens souriants au physique des mannequins pour les publier par la suite sur Twitter, Facebook, VKontakte ou Instagram avec des hashtags #KyivPolice, '#MyNewPolice and '#SelfieWithACop' en récoltant ainsi des milliers de likes.
Face à une triste réalité…
Pourtant, ce buzz sur Internet est la seule réussite de la police réformée de Kiev.
Confrontés à la réalité, les médias ukrainiens commencent à relever les bavures et les erreurs commis par ces nouvelles recrues.
Ainsi, lundi, le site d'information ukrainien Road control a fait savoir que les tribunaux de Kiev rejetaient massivement les rapports des policiers de la route en raison de nombreuses erreurs procédurales commises par ces gendarmes tirés à quatre épingles.
Kiev hires new police officers with little experience, in a bid to head off systemic corruption pic.twitter.com/ZpX0ypaKId
— Material Evidence (@MatEvidence) 7 августа 2015
"Il est clair que les nouveaux employés n'ont appris que la façon de porter des lunettes de soleil et de se prendre en photo avec les passants. Qui plus est, il semblerait que le devoir de la police serait d'effectuer des arrestations de manière glamour pour qu'Arsen Avakov (ministre de l'Intérieur, ndlr) et Anton Gueraschenko (conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur, ndlr) puissent faire des publications sur Facebook. Pourtant, la fière allure de la police s'évapore une fois que les dossiers arrivent devant la justice. Le manque des connaissances des lois et des règles de réalisation des protocoles provoquent des situations où des délinquants peuvent facilement échapper à leurs responsabilités", a ironisé le site Road control.
Certains officiers se sont effectivement plaints de leur régime de travail, comprenant trois jours de service et seulement un jour de repos.
"Je ne comprends pas pourquoi des gens qui ont tant de responsabilité travaillent jusqu'à l'épuisement", a fait remarquer un officier ukrainien.
Service hors la loi?
Dans un article pour l'hebdomadaire ukrainien Der Spiegel-Profil, la journaliste Natalya Pavlova a expliqué qu'à présent les nouveaux policiers sont obligés de travailler dans des conditions très dures.
Courts en masse refuse to consider reports compiled by #Kiev 's new police force due to constant procedural errors. https://t.co/fXSWZCSSLG
— Gracchus Babeuf (@GBabeuf) 18 августа 2015
"Ils n'ont pas d'expérience ni de soutien de la part des policiers expérimentés. Il n'existe même pas de cadre légal fixe visant à réguler leurs activités. Le projet de la loi "Sur la police nationale" a été adopté par le parlement, mais (…) il doit aussi être signé par Piotr Porochenko. Cela signifie que depuis trois semaines, la police exerce ses fonctions illégalement", a fait remarquer la journaliste.
On ignore si la réforme rendra la police efficace dans sa lutte contre les délits, la corruption et la violence.
Selon les sondages effectués récemment seulement 26% des sondés ont confiance dans la police ukrainienne, tandis que 54% ne pensent pas que des changements positifs soient possibles. Ce qui n'est pas étonnant —si les postes clés restent occupés par les mêmes bureaucrates pro-Maïdan, dans le contexte d'une économie dominée par des clans oligarchiques, les changements positifs auront bien du mal à se concrétiser.