Un mois plus tôt la bourse de Shanghai avait subi un krach: depuis mi-juillet la capitalisation sur le marché des actions de Shanghai a chuté de 3 900 milliards de dollars, les échanges de la plupart des actifs ont été suspendus. Le 27 juillet seulement, l'indice chinois Shanghai Composite s'effondrait de 8,5%.
Cette chute libre du yuan a fait des vagues sur les marchés mondiaux. Le prix du baril de Brent a perdu 1,29 dollar pour s'établir à 49,11 dollars. Le pétrole américain a réagi encore plus fortement en perdant 4% à 43,01 dollars le baril — s'approchant du minimum absolu de cette année, soit 42,03 dollars. Le rouble a marqué de nouveaux records négatifs depuis février par rapport au dollar et à l'euro à l'ouverture des échanges à la bourse de Moscou lundi dernier. Dans le même temps, selon l'analyste économique américain Peter Schiff, l'or reste l'unique matière première principale à avoir été positivement affectée par la dévaluation du yuan. L'once d'or a gagné plus de 1% pour arriver à 1 119 dollars. Les Chinois continuent d'accroître leurs réserves d'or: ils profitent des tarifs bas pour acheter un maximum de ce métal précieux.
Jusqu'à la fin des années 2000, le yuan était attaché au dollar américain. La Chine était alors critiquée pour le taux de change artificiellement bas du yuan, qui permettait d'offrir un avantage concurrentiel aux marchandises chinoises sur les marchés extérieurs. Au final, la Chine a renoncé à l'attachement strict au dollar et milieu 2008 le yuan s'est renforcé de presque 22%. En septembre 2009, il a commencé à prendre encore de la valeur pour atteindre son record en janvier 2014, quand 1 dollar valait 6,05 yuans. En raison de ses relations commerciales étroites avec les États-Unis, la Chine ne peut donc pas être complètement libre: Pékin a besoin de vendre ses produits en Amérique.
La Chine a été frappée en 2008 par la récession globale. Pour pallier cette situation de crise, le gouvernement avait adopté des programmes publics pour créer des emplois et avait initié la construction de plusieurs projets résidentiels, stimulant ainsi la croissance économique. Mais cette politique a eu des effets secondaires: on constate aujourd'hui un excès de logements qui provoque la chute des prix, et le marché de l'immobilier est dans l'expectative. C'est très dangereux. Selon certains économistes en effet, l'immobilier représente près de 20% du PIB national.
La dévaluation du yuan est liée, à long terme, à la volonté de la Chine d'en faire une monnaie de réserve. Selon des informations officieuses, début août le Fonds monétaire international (FMI) a refusé d'inclure le yuan dans le panier de devises composant les droits de tirage spéciaux (DTS). Selon les exigences du FMI, le cours d'une monnaie de réserve doit être flexible et être déterminé par la conjoncture de marché. Les récentes actions de la Banque centrale de Chine correspondent à la stratégie adoptée fin 2013 visant à accroître le rôle des mécanismes marchands dans le secteur financier. La libéralisation du yuan et l'élargissement de son utilisation dans les opérations mondiales faisaient partie des réformes économiques primordiales.