Ce qui a poussé les transformateurs de viande à entrer en conflit ouvert aussi bien avec les éleveurs, qui pourraient à nouveau bloquer le pays avec des centaines de tracteurs et autres véhicules, qu'avec le gouvernement. Selon le représentant du Syndicat national de l'industrie des viandes (SNIV), l'industrie "travaille à perte et perd entre 8 et 10 euros par tête". Il est persuadé que dans le cadre d'un marché ouvert le prix ne doit pas être établi par une "décision politique", aussi juste soit-elle aux yeux de certains. Les transformateurs de viande, eux, se réfèrent aux tarifs appliqués dans les pays européens voisins. Ainsi, en Allemagne, qui donne le ton sur le marché européen du porc, le prix d'achat a baissé pour devenir inférieur de 25 centimes d'euro à celui de la France. La situation est la même en Belgique, en Espagne et au Danemark.
France: nouvelle grogne des agriculteurs en vue
13:36 13.08.2015 (Mis à jour: 14:18 19.11.2021)
© Sputnik . Vladimir Pesnya
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La révolte des agriculteurs de juillet pourrait reprendre en France. Cette fois à cause des prix du porc, écrit jeudi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Le gouvernement français a adopté le mois dernier un plan d'urgence pour calmer la vague de protestations des paysans, qui exigeaient d'augmenter le prix d'achat de leur production. En particulier, il avait été décidé de réduire les impôts des agriculteurs, de fournir des garanties aux banques pour restructurer leurs dettes et, surtout, les autorités ont obtenu un accord entre les paysans, les compagnies de transformation de la viande et les réseaux commerciaux sur la stabilisation des prix d'achat. Après avoir attendu le départ en vacances du président et du premier ministre, les industriels ont décidé de tirer un trait sur le prix convenu du porc à hauteur de 1,40 euro le kilo. Pour cela, il a suffi aux deux plus grands acheteurs de porc — Bigard et Cooperl — de retirer leur participation au marché de Plérin où sont fixés les prix du porc français deux fois par semaine. Les enchères ont échoué: plus de 20.000 porcs n'ont pas été vendus et leurs éleveurs ignorent quoi en faire.
Pourquoi? Cette situation s'explique par l'excès d'offre sur le marché suite à l'embargo adopté par la Russie sur les produits agroalimentaires des États membres de l'UE ayant décrété des sanctions contre Moscou il y a un an. Selon la fédération des travailleurs du secteur agricole Copa-Cogeca, les exploitations de l'UE affichent déjà au moins 5,5 milliards d'euros de pertes. Sachant qu'une grande partie concerne les produits laitiers et la viande. L'embargo russe a particulièrement affecté les éleveurs français. Selon le président de la fédération nationale porcine Paul Auffray, "la Russie importait auparavant jusqu'à 70.000 tonnes de porc par an", mais l'embargo a provoqué de grandes difficultés. La députée européenne du parti Les Républicains Nadine Morano a qualifié l'embargo de "tragique" pour l'agriculture nationale et a appelé les autorités à entamer un dialogue avec la Russie pour régler ce problème.