Diplomatie oblige, l'accord conclu entre Paris et Moscou sur les dédommagements à verser par la France — entre 850 millions et 1,2 milliard d'euros — a été annoncé sur un ton apaisant. Pourtant ses termes même sont lourds de signification.
La France a désormais "la pleine propriété et la libre disposition", des deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) destinés initialement à la Russie. Parfait. Sur le papier nous sommes libres de faire ce que nous voulons du Sébastopol et du Vladivostok. Sauf que personne n'en veut. La marine nationale, qui possède déjà trois BPC, n'a nul besoin de navires supplémentaires et n'entend pas se voir imposer des matériels qu'elle n'a pas budgétairement les moyens d'opérer, à moins de faire des coupes claires dans d'autres programmes essentiels. Revendre les bâtiments? Mais à qui? Aux Canadiens? Les Etats-Unis verraient sans doute d'un mauvais œil les industriels français de l'armement pénétrer un marché nord-américain qu'ils considèrent comme leur chasse gardée, fusse pour la cause ukrainienne… Aux Norvégiens?
Par dogmatisme atlantiste, manque de courage diplomatique, nous avons accepté de renoncer à des marchés sur lesquels nous avions le vent en poupe, comme si notre situation économique nous le permettait. L'amitié franco-russe, au-delà des relations étroites qui demeurent entre les individus, n'est plus, pour l'heure, qu'une formule de politesse.
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