Sergueï Lavrov a dévoilé pour la première fois les plans du président russe Vladimir Poutine pour neutraliser les islamistes, qui veut créer une large coalition avec la participation des armées syrienne, irakienne, kurde et des pays de la région. Hier, Washington a également mis à jour sa stratégie — désormais toute menace pour l'opposition dite "modérée" pourra être un prétexte d'ingérence militaire de la part des USA, y compris contre l'armée gouvernementale syrienne. Dans ces circonstances le plan de Moscou pourrait devenir l'unique alternative réelle à l'ingérence directe des États-Unis dans la guerre civile syrienne. Mais on a l'impression qu'à l'issue des entretiens de Sergueï Lavrov à Doha, les USA et leurs alliés n'étaient pas prêts à accepter les propositions russes.
Moscou a ses propres propositions pour contrer la menace terroriste en Syrie et en Irak, exposées succinctement par le président russe Vladimir Poutine puis révélées dans le détail par Sergueï Lavrov à Doha.
Le ministre russe a déclaré hier que les frappes aériennes étaient "insuffisantes". "Il faut former une coalition regroupant ceux qui combattent sur le terrain la menace terroriste arme: c'est-à-dire l'armée syrienne, l'armée irakienne et les Kurdes", estime-t-il.
Le président américain Barack Obama, de son côté, a signé un décret autorisant les forces américaines à riposter à toute action hostile visant l'opposition syrienne "modérée". Sachant que le Pentagone protégera les adversaires de Bachar al-Assad avec l'aviation non seulement en cas d'attaques de l'EI, mais également de l'armée syrienne. Cela signifie de facto une éventuelle implication directe des États-Unis dans le conflit syrien du côté des rivaux de Damas.
Sergueï Lavrov rejette catégoriquement une telle approche: "J'ai interrogé le Secrétaire d'État américain John Kerry à ce sujet. Quand il y a un an, les États-Unis annonçaient la création d'une coalition pour combattre l'État islamique en Irak et en Syrie, Washington avait obtenu l'accord de l'Irak mais avait décidé de ne pas demander celui de la Syrie. Nous avions alors souligné le caractère illégitime et contre-productif d'une telle approche", rappelle le ministre russe.